Ce modèle Type AG, voit le jour à l'été 1905 et a obtenu son procès verbal des Mines le 26 septembre de cette même année… Véhicule de bas de gamme, à l'origine, animée par un moteur 2 cylindres de 1060 cm3 ( alésage, course : 75 x 120 mm) il développe une puissance nominale 8 CV et permet d'atteindre une vitesse de 40 km/h.
Ses dimensions : L = 380 cm – l = 155 cm – Empattement = 262 cm
Poids : 1060kg.
L'ensemble châssis moteur et organes roulants hors carrosserie, en 1906 est vendu 5700 F. Ce prix restera pratiquement inchangé jusqu’en 1915. dernière année de sa production.
Ce modèle va vite devenir populaire car, en 1906, il est choisi par la Société des Automobiles de Place, après une année d'essais comparatifs. D'autres compagnies d'autos-taxis parisiennes achèteront ce « fiacre automobile » et de nombreux exemplaires circuleront au cours des années suivantes dans les rues de la capitale.
Avant son apparition, il n'y avait pratiquement pas de « fiacres automobiles » en circulation à Paris : une dizaine en 1903, une trentaine en 1904. La grande majorité des parisiens préférait encore emprunter les bons vieux fiacres à chevaux ; on le sait les habitudes sont toujours longues à prendre...
Un véhicule très rustique avait donc été élaboré à partir d'un châssis nanti du moteur 2 cylindres, sur lequel on avait éliminé tout élément superflu... Dès l’Été 1905, la Compagnie Française des Automobiles de Place avait ainsi conclu un premier marché de 250 taxis suivi, en 1906 d'une commande de 1000 véhicules. Trois ans plus tard, un autre contrat permit la sortie de 1500 nouvelles voitures pour Paris. D'autres compagnies parisiennes s'équipèrent de ce fameux taxi dont la bonne réputation était justifiée en raison de sa fiabilité et de sa robustesse.
Ces commandes massives favorisent évidemment la croissance de l’entreprise de Billancourt, d'autant plus qu'elles doublèrent leur nombre de contrats avec ceux provenant de l'étranger comme par exemple à Londres où Renault livra 1100 taxis à partir de 1907 mais aussi à Berlin, cette même année...
Les évolutions du modèle. Dès 1905 tous les modèles sortant des ateliers de production Renault sont équipés d'un châssis en tôle emboutie qui remplacent ceux à tubes utilisés depuis le début et d'une suspension arrière assurée dorénavant par deux ressorts à lames longitudinaux relié par un troisième transversal situé à l'extrême arrière. A noter que dès 1906 toutes les Renault ont un radiateur vertical placé derrière le moteur...
- 1907 : Type AG1 - 8 CV - 2 cylindres. Extérieurement les différences sont minimes mais sous le capot, nous trouvons un moteur deux cylindres dont la cylindrée est augmentée par modification de l'alésage alors passé à 80 mm au lieu de 75 mm mais de course inchangée à 120 mm, déterminant alors une cylindrée de 1205 cm3. La puissance nominative reste à 8CV mais la vitesse maximum passe de 40 à 45 km/h.
- 1910 Type AG1 - 9 CV - 2 cylindres. Le taxi dispose d'une carrosserie légèrement plus courte mais plus large. L = 353 cm. l = 160. Empattement = 255. La cylindrée est inchangée : 1205 cm3. A savoir que l'appellation d'origine anglaise « HP » (Horse Power) est aussi usité que celle « CV » (Cheval Vapeur). Ce sont des normes de puissances moteurs très proches. Le CV a l’équivalence en watts de 735,50 watts tandis que le HP a l'équivalence en watts de 745,70 watts. Ainsi, un CV = 0,986 HP...
- 1911 Type AG1 - 9 CV - 2 cylindres. Le modèle gagne quelques centimètres en longueur et passe à 375 cm. La largeur est toujours de 160 cm et l'empattement passe à 258 cm. Le poids augmente légèrement. Moteur inchangé...
- 1912 Type AG1 - 9 CV - 2 cylindres. A noter que la Compagnie Générale des Voitures a fait équiper certains de ces « G3 » d'une direction à gauche alors que jusqu'à cette date, les Renault avaient, toutes, le volant à droite.
En 1914, la grande majorité des 10 000 taxis parisiens est constituée de Renault AG et AG1. Ils se répartissent en 3 compagnies dont les véhicules sont immatriculés : G2 G3 et G7. A la déclaration de la guerre, les deux tiers de ces taxis se trouvent paralysés dans divers dépôts du fait de la mobilisation de leurs conducteurs. Il reste donc environs 3000 véhicules en service à Paris au début du mois de Septembre 1914.
La guerre est commencée depuis un mois et les événements s'aggravent de jour en jour pour les troupes françaises. L'armée allemande avance sans cesse à tel point que l'on commence à percevoir les bruits de la bataille depuis les rues de la capitale... Le 2 Septembre le gouvernement de Raymond Poincarré s'est replié à Bordeaux et c'est le Général Gallieni, resté seul, qui devient gouverneur de Paris. A ce titre, il réquisitionne les taxis à toutes fins utiles...
Le 5 Septembre, la situation a encore empirée si bien que le Général Joffre ordonne l'offensive de la dernière chance sur le front de la Marne où résistent désespérément les troupes épuisées du Général Maunoury. Celui-ci a un besoin urgent de renfort de troupes et fait appel à Gallieni qui en réfère à Joffre lequel, aussitôt, donne priorité absolu à la requête de Maunoury et décide d'envoyer immédiatement 6000 hommes vers Nanteuil-le-Haudoin à proximité du front. Pour cela, Gallieni fait appel à 1300 taxis Renault 2 cylindres qui, dans la nuit du 6 au 7 septembre 1914, transportent rapidement et sans fatigue les milliers de fantassins qui permettront de remporter la victoire de la Marne et de sauver Paris.
Pour la petite histoire, les taxis reviennent à Paris où l'on fait le total des sommes enregistrées à leurs compteurs comme pour une course normale laquelle revient à environ 70 000 F de l'époque, somme intégralement versée par l’État.
Les taxis réquisitionnés rassemblés avant de partir vers le front. Chacun d’entre eux transporte en principe 5 hommes de troupe.
Pour cette participation exceptionnelle à la guerre, les paisibles 2 cylindres Renault, sont devenus célèbres et sont alors rentrés dans l’Histoire sous le nom de « Taxis de la Marne ».