Le Temps nous aspire... l'Espace nous disperse... ensemble ils exigent que, sans cesse, en alternance, nous nous concentrions puis laissions aller, à l'instar d'une sublime respiration.
Ces deux notions sont d'une extrême mouvance, l'une comme l'autre, extensible. La première fait de chaque instant du présent, happé par le futur toujours proche, un passé immédiat et sans cesse vieillissant. La seconde tridimensionnelle, nous ramène sans cesse à notre point d'origine qui nous fait hyper centre, opposé à la périphérie aux dimensions infinies, dans laquelle notre soi-conscience se dilue.... Le ciel étoilé de nos nuits nous laisse en totale sidération.
De l'un comme de l'autre, nous ne connaissons les limites. Nous ne savons que poser des jalons : des séquences rythmiques au Temps et des bornes repères dans l'espace. Le passé a-t-il un début ? L'Espace une fin ?... Entre passé et futur, le présent est quasi illusoire...
Les deux ont en commun que, suivant l'idée de progression qu'ils impliquent, dans l'un comme dans l'autre, nous nous éloignons toujours plus du point d'origine ou de départ avec cette différence notoire que dans l'Espace, il est toujours possible de revenir de manière tangible à ce point de départ, alors qu'avec le Temps il est impossible de revenir en arrière, sinon de le remonter virtuellement, avec parcimonie, qu'à partir des souvenirs entrés dans notre mémoire.
Cette dernière qui s'applique aussi bien au Temps qu'à l'Espace a elle, des limites... tout du moins, en apparence...
La mémoire est, ici, la nouvelle notion, induite par le Temps et l'Espace.
Hors du concept de mémoire spatio-temporelle, tous les faits et événements qu'elle contient, s'étalant dans le Temps, ne s'inscriraient-ils pas aussi dans l'Espace, Haut lieu, d'une mémoire collective ?
Parallèlement, il y a le champ des souvenirs et réminiscences intimes de la mémoire individuelle complété par le champ de la mémoire cognitive comportant l'ensemble des connaissances abstraites et des multiples acquisitions physiques-pratiques, qui nous sont personnels. Ils puisent aux sources de la mémoire collective tout en l'alimentant.
Une question se pose alors : sommes-nous les producteurs de nos souvenirs et de chaque événement-souvenir rangés dans notre mémoire et dans la mémoire collective, opportunément puisés, ou bien les réflecteurs capteurs de leurs présences spectrales émanant d'un lieu éthéré où sont conservés l'ensemble infini de ces "sujets" mémorisés ?...
La cosmologie Indienne traditionnelle mentionne l'Akasha correspondant à la nature éthérique du ciel, comme étant la substance même de l'Espace.
L'akasha est un concept développé en sanskrit pour qualifier la substance de l'espace, du ciel, de l'Univers et de la vie. Ce concept qualifie ce qui est omniprésent, unique, éternel et imperceptible.
Cette notion d'éther immuable imprégnant tout l'univers, existant déjà dans les philosophies traditionnelles ésotériques, a été employée par des théosophes occidentaux pour servir de support emmagasinant en permanence toutes les pensées et actions réalisées au cours des siècles. « Il est stable en ce qu'il est le support invariable des diverses manifestations qui prennent place dans l'univers »
Bien sûr, face à une telle conception, nos esprits rationnels, restent très sceptiques. Un monde imperceptible, supra-sensible, rassemblant tous les événements et pensées émanant de notre monde terrestre physique apparaît comme une production du mysticisme et autres courants de pensées ésotériques. Rien qui soit vérifiable scientifiquement.
Dans ces domaines du non perceptible, des scientifiques et chercheurs ne redoutent pas d'utiliser les ondes et tous les spectres métaphysiques des sons, de la lumière et des rayonnements subtils de la matière puis d'encoder informatiquement toutes les données possibles de notre intelligence associée aux multiples connaissances recensées jusqu'à ces jours pour créer des organismes de la robotique animés par l’Intelligence artificielle toujours plus performante.
Mettre autant d'esprit dans la matière si opaque, est-ce anodin ou inquiétant ?
Nous les humains ainsi que tous les êtres vivants de notre monde terrestre, sommes dans l'Instant qui dure d'un espace-temps limité, émanant de l'espace l'infini aux confins de mondes d'éternité...