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Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #Les clins d'oeil du Farfadet

"A chacun sa place..." qu'elle est violente cette réplique à la fin du film !...  mais tellement juste aussi...  

Au tournant de la cinquantaine, l'écrivaine Marianne Winckler (rôle interprété par Juliette Binoche) s'immerge pendant un an dans le monde du travail intérimaire et précaire, en postulant puis travaillant comme femme de ménage à bord des ferries faisant la liaison entre Ouistreham et Portsmouth...

De la part de l'écrivaine, la démarche est honnête. Écrire sur l'âpreté de l'existence de ces femmes, due à la précarité de l'emploi, aux basses rémunérations, aux exigences du travail pour tenir des cadences infernales afin d'accomplir leur humble besogne, mais aussi faire le sale boulot quand, en changeant le linge des couchages et en nettoyant les sanitaires de chaque cabine, on doit suivre le tempo, puis éponger toutes sortes de salissures parfois innommables... pour Marianne Winclkler, cela impliquait nécessairement de se confronter à la réalité sur les lieux, mêmes de leurs interventions, parmi toutes ces personnes "invisibles", néanmoins efficaces.

Qui se soucie de celles qui, régulièrement, entre deux traversées, entretiennent hygiène et salubrité à bord de ces cabines ?... Elles doivent quitter les lieux avant qu'embarquent les passagers. Pas question qu'ils se croisent ... monde à deux nivaux entre usagers, privilégiés qui profitent, et exécutants à la petite semaine, qui triment... A chacun son rang ... 

Ces agents d'entretien, femmes de ménages, sont solidaires ; elles partagent leurs difficultés de vie, les revers quotidiens, les réflexions acides de leurs employeurs et des petits chefs mais aussi leurs temps de loisirs au bowling ou sur la plage. Des femmes simples, nullement sottes, mais fragilisées par la précarité de leurs sorts et chemins respectifs et les aléas de l'existence.

Marianne Winckler s'installe alors près de Caen et, sans révéler son identité, rejoint une équipe de femmes de ménage avec qui elle se lie.  Hélène Lambert est l'une d'entre elles. Elle interprète son propre rôle dans ce long métrage où toutes les comédiennes, sauf Juliette Binoche, ne sont pas professionnelles.

 

Ce film  est diffusé sur C+  depuis le 4 Juillet 2023.

 

Ouistreham est un film français réalisé par Emmanuel Carrère, sorti en 2021. Il est adapté du récit Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas paru en 2010. Il est présenté au festival de Cannes 2021. D’abord prévue en 2021, la sortie nationale est reportée au 12 janvier 2022.

Ouistreham est un film français réalisé par Emmanuel Carrère, sorti en 2021. Il est adapté du récit Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas paru en 2010. Il est présenté au festival de Cannes 2021. D’abord prévue en 2021, la sortie nationale est reportée au 12 janvier 2022.

Distribution

    Juliette Binoche : Marianne Winckler
    Hélène Lambert : Christèle Thomassin
    Louise Pociecka : Louise
    Steve Papagiannis : Steve
    Aude Ruyter : Lucie, la conseillère de Pôle Emploi
    Jérémy Lechevallier : Eric
    Léa Carne : Marilou
    Émily Madeleine : Justine Leroy
    Patricia Prieur : Michèle
    Évelyne Porée : Nadège Porteur
    Didier Pupin : Cédric
    Nathalie Lecornu : Nathalie
    Florence Hélouin : Martine
    Jean-Paul Hirsch : le libraire
    Louis-Do de Lencquesaing : Louis-Do, un ami de Marianne
    Charline Bourgeois-Tacquet : Charline, l'amie de Louis-Do

Le comité Révélations de l’Académie des César a publié sa liste des acteurs sélectionnés pour 2023. Parmi eux, Hélène Lambert, ex-agent d'entretien aujourd'hui boulangère à Hérouville-Saint-Clair, pour son rôle dans le film "Ouistreham" d'Emmanuel Carrère, inspiré du livre de la journaliste Florence Aubenas, "Le quai de Ouistreham", publié en 2010.

Hélène Lambert, le diamant brut du film Ouistreham.


Agée de 34 ans, l'Hérouvillaise, Hélène Lambert, dans le rôle de  Christèle Thomassin, est l'héroïne du film Ouistreham, sorti au cinéma le 12 janvier 2022. Cette jeune femme pétillante et entière, comme dans le film est  Maman de quatre enfants.

Elle donne la réplique à Juliette Binoche avec une stupéfiante facilité, liberté de ton, pertinence, et réalisme. Les réparties parfois cinglantes sonnent justes. Il n'y a pas de surjeu, On fait, avec elle, une plongée dans la vraie vie sans fioritures, sans pathos, ni apitoiement déplacé. Une grande complicité s’établit entre ces deux là  jusqu'à l'amitié sincère entretenue par l'admiration sans faille et le profond respect des engagements de chacune dans ses choix existentiels et idéologiques.

Tout ceci tiendra jusqu'à l'instant accidentel de la révélation de la véritable identité et vocation de Marianne Winckler (Juliette Binoche).

Tout s'effondre de cette belle connivence entre ces deux femmes... plus qu'un désenchantement, c'est perçu  comme une véritable trahison par Christèle. Pour elle, jouer à la femme de ménage pour s’immiscer dans la vie des petites gens confrontés à la précarité, c'est aussi incongru qu'inacceptable. Toutes explications, toutes justifications sont vaines. On ne triche pas avec la condition sociale des uns et des autres en franchissant les barrières qui séparent les nantis des miséreux, les cadres des sans grade... ou alors, il faut jouer le jeu jusqu'au bout en choisissant le bon camp... celui qui n'accorde aucune aisance de vie.

Ce film bouleversant met en exergue les problématiques et les insuffisances de la "Mixité sociale" aujourd'hui.

En fait, existe-t-il une volonté manifeste de franchir cette frontière arbitraire qui sépare certaines classes sociales. Chaque groupe constitué par son rang professionnel, son niveau culturel, son cadre d'existence, ses ressources, ne campe-t-il pas sur ses positions ? Se disant, qu'irai-je faire, qu'aurais-je à glaner, tiendrais-je encore ma place en me mêlant à autre coterie que celle de ma condition ? "On ne mélange pas torchons et serviettes"... Cette façon de raisonner est aussi forte d'un bord et de l'autre à l’opposé. A quoi bon franchir le pas : "à chacun sa place".

Pourtant, à cette période estivale, à ce moment des grandes migrations vacancières, beaucoup de personnes de rang social et de standing très différents, se retrouvent sur des terrains de camping, ces hôtels de plein air de plus en plus fréquenté, où ils voisinent et sympathisent sans prendre en considération la condition ou la place qu'occupent les uns et les autres. Cela demeure possible, qu'à un moment opportun, on brise certaines convenances, ces artifices de l'avoir et du paraître pour, uniquement, être.

Mais les préjugés font aussi de la résistance et la moindre parole induite de trivialité, le moindre geste déplacé  peuvent très vite ramener chacun à sa place et faire que l'on se tourne le dos définitivement sans chercher à dialoguer et comprendre ce qui fut à l'origine d'un malaise. Oui, il faut du courage pour demander des explications, autant que pour convenir que l'on ne sait pas toujours trouver les mots adaptés pour s'exprimer convenablement, ou pour justifier ses écarts de conduite, ses manquements à la bienséance. 

Veiller à la probité de chacun autant qu'à la sienne exige ce qu'il faut d'humilité, de circonspection et de bienveillance et certainement de compassion, pour ressentir ce que l'autre éprouve lorsqu'il est victime de nos jugements à l'emporte pièce, de nos regards réprobateurs, ou de notre suffisance.

Ce film témoigne, sans jamais en faire trop, de ce qu'est, dans sa spontanéité autant que dans sa vulnérabilité, la dignité humaine.

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J
Bonjour mon ami Patrice,<br /> Je vous remercie sincèrement pour votre partage qui est très intéressant 🙏<br /> réapprendre toutes ces valeurs tels que<br /> l empathie, la compassion l Amour, la bienveillance , l'impartialité . . .<br /> Afin de vivre en solidarité dans un esprit de solidarité et d humanisme.<br /> Je suis toujours touchée par votre générosité et votre grandeur d âme.<br /> Sincères amitiés.<br /> Belle journée 🌺
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F
Bonjour Jade et merci pour tous vos gentils mots. <br /> En effet, quelle attitude devons nous avoir face à la détresse d'autrui.? Quelle réponse donner à la maltraitance, au manque de considération de ceux et celles qui demeurent, comme dans ce film, des "invisibles" qui accomplissent les besognes que nous n'aimerions pas faire sous prétexte que l'on vaut mieux que cela, ayant fait des études ou ayant des diplômes, des certificats professionnels donnant accès à du travail plus facile et plus valorisant, nous rangeant dans une classe sociale plus élevée... <br /> Peut-être devrions-nous aussi entrer en immersion dans leur univers humble, chargé de contraintes, aux perspectives très retreintes et à l'avenir, jour après jour, incertain.<br /> Alors, nous qui avons un sort bien meilleur, cessons de nous plaindre à la moindre défaillance, contribution ou difficulté passagère car nos ennuis ou contrariétés du moment, sont vraiment insignifiantes face à leur précarité.<br /> Amitiés des Farfadets du Poitou.
M
Merci de nous en parler je n'ai pas Canal + mais un jour je le verrai peut-être d'autant plus que le casting est excellent et l'histoire hélas encore d'actualité de nos jours...Ce film est un sujet qui me touche beaucoup moi-aussi je prends note que tu l'as trouvé bouleversant. Bonne fin de journée. Amitiés à tous les deux
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F
Bonjour Manou.<br /> Et ce film s'inspire du roman "Le Quai de Ouistreham" de Florence Aubenas paru en 2010. Ouvrage que je n'ai pas lu mais vais immanquablement tenter de trouver s'il en existe encore quelques éditions.<br /> Bouleversant il est, par cette réplique de fin :"A chacun sa place..." qui résume toute la prégnance de cette histoire, simple dans les faits du quotidien, mais qui, en plus, met fin à une belle amitié, à cet émouvant partage. <br /> Et ces femmes," actrices d'un jour", sont si touchantes, sincères, vraies dans ce qu'elles restituent à l'écran, de leurs difficultés, infortunes, précarités et manques de considération. <br /> Ce film, et certainement le roman initial, nous rappellent que sont nombreuses les personnes qui, chaque jour, accomplissent tourtes ces besognes qui apparemment, n'ont rien de glorifiant mais qui sont néanmoins indispensables et ont autant de sens que les tâches que nous jugeons gratifiantes dignes d’intérêts. <br /> Amitiés.
F
Combien j'ai lu avec intérêt ta présentation de ce film avec tes commentaires. Je te remercie vivement de ta présence, Patrice, parce que tu nous instruit et tu nous fais réfléchir. J'ai retenu particulièrement l'invitation que tu fais de chercher à comprendre l'autre. C'est valable quand il s'agit de différences de classes sociales, c'est valable dans nos conflits individuels
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F
Bonjour Francis et merci pour ce commentaire qui a bien relevé la nécessité d'aller vers les autres qu'à priori nous jugeons comme inférieurs à notre rang social et même comme insignifiants. <br /> Et lorsque nous franchissons le pas, même avec l'élan de la sincérité, il faut encore accepter tous ces petits faits dans leur façon d'être, de s'exprimer de se conduire qui les distingue des nôtresque nous estimons plus "raffinés", mieux élevés. <br /> Alors oui, le dialogue est indispensable, impliquant de les comprendre et, en toutes circonstances, jamais nous sentir supérieurs.<br /> Amitiés.
C
on en est encore là, l'exploitation des "petits" et les "femmes"" méne bon train ...toujours à rappeler comme dans ce film !<br /> amitié .
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F
Bonjour Marie-Claude.<br /> Hélas, ce qui est présenté dans ce film est toujours d'actualité. Nombre de personnes triment chaque jour au service des autres qui ne les voient guère ou bien, ne les regardent jamais Petites mains qui œuvrent pour remettre les choses en bon ordre, petits boulots rebutants, tâches ingrates où il faut, en outre, surmonter sa répugnance, tout ça pour des salaires de misère... <br /> Oui, c'est non seulement injuste mais aussi désolant, particulièrement attristant, quand on prend conscience que ces personnes n'ont pas en retour les manifestation de gratitude de la part de leurs employeurs et de ceux qui bénéficient de leurs services qui, suivant la fonction, va parfois jusqu'au dévouement.<br /> Ouvrons les yeux pour ensuite, peut-être, ouvrir notre cœur en leur étant reconnaissants, et, au besoin, en défendant leurs causes, face aux exploiteurs qui n'ont de considération que pour la rentabilité..<br /> Amitiés.
D
un titre à retenir donc, merci!
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F
Bonjour Dominique.<br /> Oui, à retenir, autant que leur sort constitué de précarité, de maltraitance par manque de considération et par la faiblesse de leurs rémunérations.<br /> Ce film est aussi interprété par ces actrices occasionnelles qui sont dans la "vraie vie" hors cinéma ou fiction, elles-mêmes agents d'entretien sur les ferries, femmes de ménage dans les bureaux d'entreprises, et chez les particuliers.<br /> Amitiés..

Profil


FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

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