Nous allons bientôt fêter le centenaire de l’armistice du 11 novembre 1918 qui mit fin à la première et effroyable grande guerre entamée il y a 104 ans...
Constatons aussi que toutes ces dernières années, nous avons, régulièrement et à profusion, fêté ces anniversaires d'épreuves terribles pour l'humanité que ce soit sur notre territoire ou ceux de nations étrangères sur les 5 continents.
Effectivement le XXe siècle est marqué par les plus terrifiants conflits armés que, jusqu'à là, l'Histoire avait pu recenser aux cours des grandes périodes qu'elle embrasse à travers ères et multiplicité des civilisations.
Ces guerres, ces ravages, ces invasions, ces sacrifices humains, ces actes de barbaries, ces exterminations en masse, ces génocides programmés, constituent-ils le lourd et effroyable tribut à payer de cette marche en avant qu'on nomme le progrès et des moments de pause... de paix accordés ?...
Au cours de ces cent dernières années, nous avons vu le monde se transformer de la plus extraordinaire façon grâce à toutes avancées techniques et sociales qui ont radicalement modifié nos modes de vie mais aussi nos comportements et surtout notre compréhension appréciations et jugements quant à nos menées existentielles et surtout le sens qu'on leur donne jusqu'à ce qui se rapporte à nos origines... mais tant de questions sont encore à se poser et tant d’énigmes à résoudre...
L'homme, comme les animaux carnassiers, serait-il un intraitable et incorrigible prédateur ?...
L'intelligence humaine a aujourd'hui franchi un cap décisif, étant capable de créer d’extraordinaire machines, de pénétrer sans appréhension dans les arcanes du Vivant et, en médecine, dans tous les organismes, intervenir contre les forces destructrices microbiologiques pour favoriser l'éclosion de cellules structurantes...
L'homme se veut maintenant être le maître de la matière, vivante ou inerte, et a donc investi des champs de forces à la puissance monstrueuse... mais est-il capable de les dominer ?...
Il semble bien que les revers de la Nature que nous observons aujourd'hui au niveau du dérèglement climatique sur toute la surface du globe, nous montrent notre incapacité à gérer ces forces que nous croyons avoir « domestiquées » mais que nous utilisons à outrance et de façon inconséquente.
De grand flux migratoire en résultent, auxquels nous devons faire face, les guerres et la faim poussant des peuples entiers à fuir les pays atteints par ces fléaux.
Il y a 10 ans Lazare Ponticelli, dernier poilu de la première Grande guerre, disparaissait. Ce témoin revenu du plus douloureux champ de bataille de notre Histoire a vécu 110 ans et avait traversé notre tumultueux XXe siècle... une époustouflante succession d'images, fresque immense, étalée dans le temps jusqu'à ce jour du 12 Mars 2008, ont reflété ses yeux... en parcourant ces pages mouvementées combien de fois, se seront-ils remplis de larmes ? Et, en effectuant cette lecture à travers tout le temps qui a suivi son douloureux engagement, une question redondante a dû lui revenir sur les lèvres, jusqu'à son dernier souffle :
Tout ça !... Pourquoi ?... pour ça !...
Cela m’a inspiré un poème sombre et sans concession… pour réfléchir … ne plus fléchir… quand on décide et que l’on dit : « Plus jamais ça ! »...
Écarts d’un siècle
Roule le feu, perce le fer, et mord le froid …
Casque sans tête, tête sans tronc, tronc sans ses bras ;
Vision d’enfer, trous de misères, regards d’effroi,
Casque trop clair, rai d’un éclair et succombera…
Boue des ornières, tranchées en terre, rien n’est plus droit
Nuit en plein air, ciel sans lumière, dort sans ses draps…
Roulement de tonnerre, cri des guerrières, signes de croix ;
Ombres fantoches, pluie meurtrière, mains pleines de gras…
Champs ravagés, sillons sans fin, fin d’un endroit…
Rides hideuses, plaies d’une terre, sonne le glas !
Nouvelle tanière, tremble pas fier, l’obus tout broie …
Bulles de glaires, mares de sang, glaise du trépas…
Môles et crevasses, comme taupinières, répit t’octroient ;
Saut des barrières, rafales rasent l'aire, et rebondira…
Pantins rampants, la fondrière, guette sa proie ;
Larmes de chair, jamais cette guerre, ne finira !…
Der des ders, en vient une autre, qu’on n’attend pas…
Tranchées de naguère sont oubliées, roulent les convois ;
Nations en guerre, partout sur terre, ne se comptent pas ;
Familles entières, loin déportées, qu’on ne revoit …
Villes d’enfers, hameaux en flammes, tout y passera ;
Ruines de sang, murs de chairs, peurs d’être une proie…
Le militaire, pas seul à terre, même le civil, en pâtira ;
La fin d’un monde, jet nucléaire, pas d’autres choix …
Fin de cette der, tout près de la mer, milliers de croix …
Fin des misères, faire payer cher, tous les parias ;
Tribuns de fer, femmes tonsurées, justice sans loi…
Vie après mort, des cendres d’une guerre, resurgira !…
Fin des galères, Yéyé dans l’air, casse-toi la voix !
Jeunesse altière, tous sommes frères, on se le dira …
Fin des repères, amour à terre, vie pleine de joies ;
Plus de filles mères, répond au père, rien ne t’incombera …
Rue des colères, chauds ses pavés, sus à ces rats !…
Foule va-t-en guerre, marée chaussée, n’a plus de droit …
Grenades et pierres, faut fort cogner, sur les malfrats ;
Coups de rapières, se défouler, l’esprit étroit…
Quitte ta terre, met tes œillères, c’est le nirvana !...
Passe les manières, cesse tes prières, chasse le bourgeois ;
Ecran de verre, forts commentaires, tout t’enchantera
Ski en hiver, l’été en mer, surveille ton poids !…
Riches affaires, trop de mandataires, que du tracas,
Rire de faussaire, traîne tes mystères, même sous ton toit…
Jamais pépère, soigne tes nerfs, toujours combats,
Stress ordinaire, puis marche arrière, pour ça tu bois …
Nouvelles galères, rue des misères, manches sans rabat ;
Mord la poussière, bord de rivière, quel fond tu vois ?
Soupe populaire, faim des compères, traîne ton cabas !
Un soir d’hiver, fais le fait divers, meurs sans pavois …
Farfadet
Mirebeau le 19 Mars 2008