Mangeons la soupe à la limace... le Beau parfois, dissimule le Laid et, derrière le Laid, c'est le Beau qui, soudain, se révèle...
Vous ! Ombres qui planez sur ce funeste soir,
Revenants crochus des sinistres histoires,
Adombrez nos âmes des plus fous désespoirs,
Imprégnant nos pensées des tourments les plus noirs…
Vous ! faces hideuses à l’expression livide,
Etes les miasmes de nos envies sordides…
Résurgences vomies des libidos avides…
Manifestes puants de nos œuvres cupides …
Vous ! jaillis des tombes, images grimaçantes,
Vous ! Esprits noirs qui, cette nuit, nous hantent…
Joignez vos hurlements aux gueules écumantes
Des rages et colères qui soufflent l’épouvante…
Vous voici de retour, tronches qui fulminent !
Sorcières et vampires aux blafardes mines,
Brassant chaînes et poussant gonds qui couinent,
Formez sarabandes de la nuit d’Halloween
Farfalloween...
Si, approximativement 7 semaines avant le solstice d'hiver, les sarabandes d'Halloween célèbrent tumultueusement, l'entrée dans les plus longues nuits de l'année, 7 à 8 semaines après ce solstice, les charivaris du mardi gras et de son carnaval marquent, eux, le retour des jours de plus en plus longs. Les peurs et angoisses liées à la nuit faisant place à l'exaltation du retour à la lumière.
Cette plongée dans les journées sombres s'accompagne de ce que l'imaginaire et le fantasque font surgir de la nuit, du noir et du néant ; le funeste côtoie la monstruosité et c'est ce monde angoissant et oppressant qu'il faut exorciser, alors il convient de matérialiser tous les sujets de ces frayeurs dans une fête à la hauteur de ce que l'horreur peut engendrer. Rendre visibles ces êtres effrayants grands et petits et en faire des personnages goguenards, hideux à souhaits, mais aussi drôles... rire de ses frayeurs, tel est le mot d'ordre, la nuit n'en sera que plus magique ...
Se transcender dans l'épouvante, la consigne est vite adoptée, le sabbat des sorcières peut commencer dans un décor cauchemardesque où plus c'est laid et hideux et plus on en rit.
Mais au fait, ces canons de la laideur et de l'horrible sur quels critères reposent-il ?...
Ces araignées qui révulsent, ces sorcières bubonneuses, sales et mal peignées qui nous répugnent, ces ectoplasmes qui nous font tressaillir, ces visages lacérées sanguinolents qui nous effraient, ces squelettes agités et craquants qui font aussi claquer nos dents, profitons de la fête pour mieux les observer... le laid rejoint parfois le sublime et les archétypes du beau peuvent aussi nous paraître laids quand on passe le seuil des trois dimensions... Plus qu'une question de regard, c'est l'objectivité et l'empathie qu'il convient de cultiver... avancer dans les ténèbres se fait bien à tâtons... non guidé par la peur mais par l'envie de connaître.
Hallowween pour se donner du courage mais aussi pour combattre ses préjugés...