Michel Tournier ( * 19.12.1924) écrivain, essayiste, philosophe est décédé ce 18 janvier 2016, à l'âge de 91 ans.
De son œuvre dont il me reste encore nombre d'ouvrages à découvrir, j'ai surtout le souvenir de son roman « Gaspard, Melchior & Balthazar » qu'il a aussi adapté pour la jeunesse sous l'intitulé : « Les Rois Mages ». Cette magnifique fresque m'a permis d'apprécier le talent littéraire de Michel Tournier qui aimait reprendre les grands mythes et légendes pour les faire revivre dans l’esprit de notre temps, sans pour cela les transposer de manière contextuel dans notre époque. De ces œuvres du passé, il dégage toute la saveur et l'onctuosité du récit qui, ainsi magnifié, est à la fois dépositaire du sens moral y attenant alors transcendé par la beauté narrative, et du message profondément humaniste ; un ensemble romanesque original et esthétique, servi par une imagination féconde, ne ménageant pas les effets de surprises.
Les Rois Mages
Beaucoup plus baroque et surtout truffée de détails croustillants à souhaits, ce roman, revisitant le récit évangélique, dans sa deuxième partie, met en scène un jeune roi capricieux et surtout gourmand, qui part en quête pour découvrir la Divine friandise. Taor de Mangalore embarque avec un équipage prestigieux sur plusieurs nefs dans une débauche de grands apparats, nanti d’une suite digne des plus Grands de ce Monde… Son aventure sera parsemée de surprises plus ou moins agréables qui, au fur et à mesure de sa progression, se font de plus en plus douloureuses et dommageables, pour ses richesses, sa pompe, et sa personne… Il découvre le monde avec ce qu’il a de grandiose et étonnant mais aussi avec ce qu’il recèle de bien plus humble et parfois de très contraignant… Lui aussi, perdra toute sa fortune et sera mis en présence d’un dilemme où il choisit de passer 30 années dans les mines de sel afin d’éviter cette peine à un infortuné commerçant …
Lui, en quête de ce qu’il y avait de plus doux, de plus sublimement sucré va faire l’expérience de ce qu’il y a de plus âpre et desséchant avec le sel… Son voyage se terminera devant les reliefs du dernier repas des Douze et de leur Maître au Cénacle déserté… éprouvant le goût fort de la Vie juste avant qu’elle ne soit spirituelle… (Expérience du Don de Soi). Une façon moderne de redonner un sens profond et sans doute plus réaliste au symbole de l'Eucharistie... avec ce Sel de la Vie …
Hommage et Paix céleste à cet Homme ayant pénétré, hier, le grand champ d'étoiles qui, durant son existence, l'a si bien inspiré.