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Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #Les facéties du Farfadet
Route de Mirebeau à Loudun (26 km), en forêt de Scévolles - Classe de Seconde  année sciolaire 1961-62 Je suis debout au deuxième rang, à gauche sur la photo.Route de Mirebeau à Loudun (26 km), en forêt de Scévolles - Classe de Seconde  année sciolaire 1961-62 Je suis debout au deuxième rang, à gauche sur la photo.

Route de Mirebeau à Loudun (26 km), en forêt de Scévolles - Classe de Seconde année sciolaire 1961-62 Je suis debout au deuxième rang, à gauche sur la photo.

Nous étions dans la dernière semaine d’Août. La Mobylette fut achetée chez un petit marchand de cycles et vélomoteurs, Grand rue à Poitiers. Le week-end suivant, j’ai pu l’étrenner en allant à Pouzay (37) rejoindre mes parents qui séjournaient en caravane à l’occasion d’une partie de pèche au bord de la Vienne ; ce fut son premier long parcours : 90 km aller et retour.

La rentrée eut lieu le 15 septembre. C’est donc sur ma mob bleue, que j’arrivais au Lycée, fier comme Artaban… Redoublant la « seconde », je me trouvais avec les ex « troisième »,  des camarades de classe que je ne connaissais pas particulièrement mais parmi lesquels se trouvait Jacqueline. Aux divers cours, je m’étais placé au pupitre juste derrière elle, elle, toujours à côté de son inséparable amie Lucette G., toutes les deux, étant originaires du même bourg. Mon manège ne passait pas inaperçu mais nul ne s’en offusqua …

Au niveau assiduité, et travail fourni, cela aurait dû être bien meilleur que ce qui avait été produit au cours de l’année précédente et, de surcroît, me trouvant dans la classe de celle que j’admirais avec l’espoir qu’elle devienne ma « petite amie », cela aurait dû aussi me stimuler, être une émulation bénéfique pour améliorer mes résultats scolaires. Il n’en fut rien, au contraire, je m’enlisais de plus en plus dans la situation de cancre, de pitre et d’amuseur public pour me rendre intéressant. Présent à chaque cours, je faisais toujours autre chose que ce qui correspondait à la matière du moment ; plutôt que d’écouter et prendre des notes, je griffonnais mes pages de cahier, en dessinant le plus souvent des croquis de voitures, d’écorchés mécaniques ou bien en écrivant des petits poèmes d’amoureux.

Bien que faisant attention à ne pas me faire prendre à ces « petits jeux », fatalement, un jour le Prof de math, monsieur M. tomba sur un de mes croquis …

- « Ce n’est pas mal ça Lucquiaud, mais ce n’est pas l’objet du cours… ironisa-t-il. » M’envoyant au tableau pour refaire la démonstration géométrique qu’il venait de présenter, je fus bien sûr incapable de la reproduire… J’eus la note en conséquence, un avertissement et une colle pour le mercredi après-midi suivant.

- En physique-chimie, pour les séances de T.P. je m’étais associé à Gérard P. Ensemble, nous étions devenus très bons copains et formions un duo de choc, au propre comme au figuré, car nos expériences faisaient « grand bruit »… tant en physique avec les tests de lois en rapport avec les plans inclinés, ou en chimie, avec certaines préparations utilisant acides et bases pas toujours compatibles. Mais, notre chef d’œuvre en la matière, provenait de notre cahier d’observations et d’exercices de T.P. toujours aux abonnés absents puisqu’à chaque fois que le prof nous le réclamait, l’un de nous disait que c’est l’autre qui l’avait et l’autre, lui, l’avait tout bonnement oublié qui, dans son pupitre en étude, qui chez lui à Mirebeau… M. M. n’était pas plus chanceux avec les interrogations sur les leçons où, là, je cumulais les « 0 » ayant à chaque fois de ma part, soit une feuille blanche lors des devoirs sur table, soit un « je n’ai pas appris la leçon »  lorsqu’il m’envoyait au tableau … Le « joli cœur » de l’an dernier n’était pas meilleur élève en physique chimie et, pire encore, il s’obstinait à ne rien apprendre en cours et donc n’en rien retenir jusqu’à en être fier.

En langues, Anglais ou Allemand, je ne faisais guère plus d’efforts, il n’y a qu’en Français, en Histoire et en Géographie que je suivais les cours avec intérêt et obtenais mes meilleures notes…

Dissipé, rêveur, fumiste, les résultats de fin de trimestre étaient à la hauteur de mes « exploits » et si je n’étais pas le dernier de la classe, j’étais au moins l’avant dernier…

Mes parents étaient désespérés et ma mère vivement inquiète. A la maison nous en étions arrivés à éviter le sujet… Je n’ai jamais été insolent ni irrévérencieux envers les adultes et surtout pas avec mes parents que j’aimais sincèrement. En fait, j’étais, à cette période, absolument incapable de leur expliquer les raisons de mon insouciance, de ma paresse et de mon manque d’intérêt pour les études.

Ce que j’aimais surtout, c’était le « hors classe » : la récrée pour discuter avec les copains car, malgré mes piètres résultats, mes camarades de classe, pour la plupart, me tenaient en estime et j’étais capable d'avoir avec eux des conversations plus sensées et intéressantes qu’on l’aurait supposé en ne considérant que mon comportement de mauvais élève.

Bien sûr, il y avait Jacqueline qui monopolisait mes rêves et c’est vrai que j’étais très amoureux tandis qu’elle, ne manifestait aucun intérêt pour ma personne. Alors en faisant le pitre, l’amuseur, volontairement fumiste, je pensais pouvoir l’émouvoir et la faire s’intéresser à moi. En certaines circonstances, elle m’adressait bien la parole, comme à d’autres camarades de classe, mais cela s’arrêtait là…

Le « hors classe », c’était aussi la sortie après les cours, à 17 H ; nous nous retrouvions à quatre ou cinq copains au "Modern'Bar", Place de la Porte de Mirebeau, pour boire un pot, fumer la cigarette, en reparlant des anecdotes de la journée passée, de nos amourettes et bien sûr des événements politiques du moment… on apprenait déjà à refaire le monde… Il y avait là : Michel, Bernard, Jean-Charles, Robert dont je me sentais plus proche et qui était mon confident. Gérard, mon partenaire de TP, ne pouvait être avec nous à cette heure, étant lui, pensionnaire au Lycée. Je me souviens bien de ces instants de douce oisiveté, de la charmante jeune serveuse qui, dans les mois qui suivirent, est devenue la patronne du bar. Elle souriait sans cesse et avait toujours de gentils mots pour chacun de nous quand elle nous apportait nos consos : pour les copains un soda ou une pression mais pour moi une «Well Scotch » bière brune que je savourais à petite gorgée en fumant une ou deux gitanes maïs…

Cela durait jusqu’à 17H30 puis j’enfourchais ma mob bleue, pour rentrer à la maison. En principe il me fallait de 45 à 50 minutes pour effectuer les 26 kilomètres qui séparaient lycée et foyer familial. Toutefois, je m’arrêtais régulièrement en forêt de Scévolles  pour griller une cigarette en pensant à la Jacqueline, imaginant que je me promenais avec elle dans ces allées  boisées et que nous échangions de tendres baisers, que de sa voix chaude, elle disait m’aimer à la folie… Folie ! Oh oui, c’était une folie que d’imaginer cela, car plus que des fantasmes, c’était surtout de la rêverie, sans doute niaise et bien en phase avec mon immaturité du moment.

Quand j’arrivais à la maison il était déjà plus de 18H30… après avoir embrassé ma mère, je montais directement dans ma chambre lui disant que j’allais faire mes devoirs. En réalité j’allumais aussitôt mon poste de radio, puis m’installais à mon bureau pour dessiner quelques autos de rêves  ou pour écrire un petit billet doux à ma bien-aimée, billet doux que je me promettais de lui glisser dans sa poche de blouse le lendemain, ce qu’hélas, je n’osais jamais faire quand je me trouvais à proximité d’elle.

Avais-je vraiment conscience que ma chère mère s’angoissait chaque jour en me voyant partir au Lycée en mobylette, effectuant ce long trajet, sur une route nationale à grande circulation et ce par tous les temps : pluie, froid, verglas et neige ? Au cours de l’hiver 61-62, il y eut des matins à fortes gelées et malgré toutes mes protections pour me préserver du froid, allant jusqu’à disposer des feuilles de papier journal sur ma poitrine, en dessous de ma canadienne, l’ensemble engoncé sous ma combinaison imperméable, quand j’arrivais au lycée, j’étais transi de froid et il me fallait une bonne demi-heure de présence en salle chauffée pour cesser de grelotter et pouvoir tenir mon stylo dans ma main engourdie par les effets du froid ce, en dépit des moufles et des manchons coupe-vent sur les poignées du guidon de la mob.

Les mois passèrent ainsi avec ces allées et venues entre maison et bahut, la succession non glorieuse d’échecs scolaires et amoureux, ces pots du soir entre copains et ces moments de rêveries en arpentant, cigarette au bec, les bois, à mi chemin de la maison.  

Suite : Et Maintenant...

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F
A te lire, personne pourrait deviner que tu étais un élève, de loin, ne figurant pas parmi les meilleurs. Drucker, lui aussi était un très mauvais élève, ce qui ne l'a pas empêché de bien réussir sa vie et il y a tant et tant d'autres exemples
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M
Décidément... Je vais voir le prochain épisode pour savoir si tu t'en es sorti...
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C
loin de te blâmer, je comprends ton état du moment, notre jeunesse avait ce besoin d'exister par elle-même en dépit des moeurs du moment et compréhensibles des adultes qui nous entouraient ... Sans le savoir, tu créais "ta personnalité" ...comme nous tous ...alors ...<br /> amitié .
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F
Bonjour Marie-Claude, <br /> Je regrette bien sûr mon attitude indifférente et mon comportement de "fumiste" qui bien que pas forcément intentionnels a peiné mes parents, surtout ma mère, et sans doute inquiété certains de mes professeurs mais si cela a induit la suite de mon parcours, cela m'a aussi conduit à l'endroit où je devais accomplir mon temps de carrière et, de là, me former sur le plan humain et social.
E
On suit ça comme un film... tu écris bien... j'avais aussi une mobylette bleue ; j'avais 17 ans, c'était en banlieue parisienne et j'allais embaucher avec tous les jours sans connaître le code de la route. J'ai passé mon permis de conduire six ans après. A La Rochelle. Ma mère devait aussi être inquiète de me voir partir tous les matins sur ma mob bleue ; mais... il y avait beaucoup moins de circulation à cette époque. Maxime Le Forestier chantait "la maison bleue" pendant que j'étais sur ma mobylette bleue....................................
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F
Bonjour Éliane,<br /> Je vois que toi aussi a connu les joies et les tribulations des déplacement effectués en Mobylette bleue... Bien sûr, nos parents nous sachant sur la route au milieu de la circulation certes, moins importante que celle d’aujourd’hui , avaient de quoi être inquiet et nous, insouciants, filions notre chemin... Oh oui la maison bleue de Maxime Le Forestier ! une chanson bien dans l'air de ce temps qui faisait notre jeunesse , s'ouvrant à une existence plus communautaire plus partageuse, et éprise de liberté..
D
toujours intéressant, quel feuilleton !
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F
Bonjour Dominique,<br /> Oui, ainsi petit à petit s’échafaude, ce qui doit constituer le livre de notre vie et surtout de ce qui a constitué, par la suite, notre temps de carrière, où il y a matière à raconter et surtout témoigner ...<br /> Merci de ta fidélité en venant lire ces passages, vrais pans de vie. .

Profil


FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

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