La nuit s'achève...
- Brrôoou... Brrôoou... Brrôoou... brrahouw... marrahouw... Brrôoou... Brrôoou...
- Hein ! Quoi ! C'est déjà 7 heures !... Une grande langue vient me lêchouiller le visage. Deux papattes tirent le drap, et j'ai sous le nez le museau de Chocolat le cocker qui me communique son haleine de fond d'estomac... Sur la table de nuit, penché juste au dessus de ma tête, Bruce le chat ronronne avec délice ...
- C'est l'heure, allez debout le maître ! Fait le chat
- Ouais, t'as vu le jour point, et j'ai faim ! Frétille le chien …
- Du calme vous deux ! Allez en bas les grosses papattes, Chocolat, allez ! Au panier le chien ! Et toi, Bruce le chat va ronronner ailleurs ! Je n'ai pas fini ma nuit, moi ! Non mais ce n’est pas possible un chahut pareil dès le matin !
Les deux compères vont faire un tour plus loin... Je me tourne dans le lit bien décidé à prolonger le temps des rêves... mais le répit est de courte durée, car au bout de 5 minutes nos deux compagnons sont de retour et recommencent qui, à me ronronner dans les esgourdes qui, à me léchouiller la nuque et à me labourer l’échine avec ses grosses papattes…
Ces deux énergumènes ont juré de m’empêcher de prolonger mon temps de sommeil. Toute grasse matinée n’est pas envisageable avec ces deux compères… Je me lève. Alors la sarabande commence : le chat me suit en bondissant de la table de nuit sur la commode puis saute à terre et me précède dans le séjour tandis que le chien tournicote dans tous les sens. Chocolat est allé chercher sa meuh* (jouet vache) qu’il fait couiner à tout va… c’est hallucinant comme réveil ! Et bien sûr, je me retrouve pieds nus car les pantoufles ont été réquisitionnées par messire Chocolat qui les a déposées sur le canapé où, malgré notre interdiction, le brave toutou a passé une partie de sa nuit… Dans son panier où normalement il devrait rester couché, je retrouve mes chaussettes … Pouic ! Pouic ! Pouic ! … Et il est content le chienchien, faut savoir !... Bruce se faufile entre mes jambes et manque de me faire tomber à plusieurs reprises.
- Tu vas ouvrir la buanderie dis, le maître ! J’ai faim moi !…
J’ai bien saisi que les estomacs ont pris la parole mais d’abord je monte à l’étage et ouvre la chambre d’où sort, comme un diable de sa boite, Vanille, la jeunette, miaulant et ronronnant à la fois. Elle dévale l’escalier à la vitesse de l’éclair pour retrouver son copain Bruce devant la porte de la buanderie. A peine ai-je ouvert que chacun se précipite vers sa gamelle vide… Les deux « ronronneux » me regardent l’air indigné. Je sors le paquet de croquettes de dessous l’évier. Ces deux chats sont comme fous, se frottent à tout, sautent tour à tour sur l’évier, le lave linge et la table basse, tandis que je leur mets l’eau dans le compartiment réservé à cela de leur gamelle. Poignées de croquettes dans l’une, puis dans l’autre ; c’est un va et vient infernal entre les deux points de distribution jusqu’à temps que chaque gamelle soit remplie. Bon, voilà les deux minets sont servis et savourent leur petit déjeuner non sans jeter plusieurs coups d’œil en arrière au cas où le chien arriverait à l’improviste … Justement j’avais fermé la porte de la buanderie sachant que Chocolat n’aura point de scrupule à aller déranger les chats pour engloutir le reste de leur écuelle.
Chocolat est bien derrière la porte. Avec sa « meuh » dans la gueule,
- Pouic ! Pouic ! Pouic ! A mon tour le maître !...
Je me dirige vers la cuisine le chien fait la toupie, trois à quatre tours sur lui même puis saute à plusieurs reprises en se dressant sur ses pattes arrières et recommence aussitôt à tournicoter tandis qu’ayant récupéré sa jatte je lui sers ses croquettes. Je pose la jatte sous la fenêtre près du lave-vaisselle. Le chien me regarde avec ses yeux de cocker malheureux « Maahan gnagnahenhouahaaouw ! » = soupirs de chien en souffrance…
- Assis Chocolat ! Assis ! Il dresse vers moi son regard apitoyant tout en se trémoussant, tressaillant de tous ses membres, sa queue frétille vivement en cadence. …
- Tu peux manger ! Il me jette un dernier regard langoureux puis plonge son museau dans sa jatte pour broyer ses croquettes avec cette frénésie appétitive dont seuls les chiens sont capables …
Ouf ! Nos animaux ont leur frichti, on va enfin pouvoir s’occuper de nous !… Je vais aider Annie à se lever. Elle est à peine parvenue aux toilettes que, Chocolat revient comme un boulet de canon en se pourléchant. Il nous libère un borborygme savoureux…
- Caca ! Caca ! Caca… ça urge ! Chocolat file jusqu’à la grande baie vitrée qui donne sur le jardin. J’ouvre, il file dans la cour va flairer dans plusieurs coins, lève la patte contre le pot des bruyères pour uriner puis fait plusieurs tours du jardin tout en « sentinant » quelques reliefs pas forcément végétaux, dans la pelouse… mais non !... Il revient se poser au milieu de la cour pour y faire un joli coulis d’étroncs bien fumants …
Je retourne m’occuper d’Annie…
- Wahou ! Wahou ! Wahou ! Wahou ! Fait froid dehors j’veux rentrer ouvre, vite le maître ! Chocolat aboie sans relâche.
Je finis d’apprêter Annie qui ensuite, va s’installer à table, avant de faire rentrer l’aboyeur forcené. Quand il fait sec, ce retour du chien dans la maison est simple ; par contre, s’il a plu et que dehors c’est trempé, là j’intercepte Chocolat sur le paillasson du seuil et avec une serpillère je lui essuie les pattes une à une. Cette opération en soi bénigne s’accompagne des vocalises les plus incongrues de messire Chocolat, passant des aigus aux graves dans un délire sonore qui relève de l’hystérie :
Ahaharaoahouwahaouwgrregrregrregrehehegrôw... ...rahrahaahouwmarawouff brohohouff waff !
Cette séance passée dans une agitation qui frise l’esclandre comme seuls, peuvent en produire des esprits hautement tourmentés, je dois palier d’urgence au tambourinement sur porte des deux chats qui, le ventre maintenant plein, se manifestent avec énergie dans la buanderie. Je libère les félins tandis que je n’ai plus à me préoccuper de ce que fait l’autre lequel ayant retrouvé sa « meuh » la fait « chanter » à qui mieux-mieux !...
On peut enfin prendre notre petit déjeuner … le calme est revenu, Pendant que nous dégustons tartines et café, Chocolat qui a pris place sur le carrelage à nos pieds, nous guète l’œil guilleret… à peine intéressé … espérant vivement qu’une bouchée nous échappe…
Parfois il se redresse et de la patte sur le bras nous invite à le caresser, alors il pose sa bonne gueule de cocker contre notre flanc et la queue frétillante, le regard absolument attendrissant, nous communique toute son affection de gentil chienchien qu’on adore…
A l’étage, les deux chats ont entamé leurs rituelles courses-poursuites et leur partie de « kung-chat-fou » matinale…
Il fait maintenant grand jour et tout va bien dans le meilleur des mondes !
Pouic !