« Commémorations » … Tiens, encore un mot barbare … Et bien justement, à propos de barbares, ce ne sont pas forcément ceux qu’on pense qui le sont… Hein ? …
En effet, ce terme de barbare* (1) évoque pour moi, un petit jeu scénique que je préparais, chaque année avec nos compagnons*(2), lorsque j’étais encore éducateur au Centre Saint Martin …
Chaque 11 novembre, donc, nous évoquions, sur scène, la vie de ce grand apôtre des Gaules qu’était Saint Martin. Ces scénettes se déroulaient en quatre tableaux. Dans le tableau final, qui suit l’épisode du célèbre partage du manteau, l’empereur veut faire du Soldat Martin (Circuitor) un officier commandant une légion (Centurion) et lui ordonne de partir à la bataille au devant des barbares qui se présentent à la frontière de l’empire. Mais Martin refuse cet honneur, prétextant que, désormais il ne servira seulement que la cause de Dieu (En songe, le Christ lui était apparu portant le pan du manteau (Chlamyde) qu’il avait donné au pauvre la veille au soir aux portes d’Amiens ). Martin affirme qu'il est devenu soldat du Christ. L’empereur fort courroucé, le traite de lâche . Martin calmement propose d’aller seul et sans arme au devant des barbares… De dépit, l’Empereur le mettra aux arrêts … Sulpice Sévère, ce chroniqueur qui transmettra à la postérité les hauts faits de Saint Martin témoigne que, cette fois là, les barbares se sont rendus sans combattre. Du coup, l’empereur a libéré Martin et l’a laissé regagner la vie civile. A partir de cet instant, Martin devint ermite, puis moine et sur, la fin de sa vie, avec l'insistance des Tourangeaux, Evêque de Tours…
Saint Martin est né en Novembre 316 de notre ère en Pannonie ( Une région de l’actuelle Hongrie, province de l’empire Romain depuis Tibère) Son père vétéran a exigé que son fils serve l’empereur (Constantin puis Constance). C’est ainsi que Martin est devenu soldat contre son gré … Le trait célèbre du partage du manteau se situe sans doute au cours de l’hiver 338-339.
Pour illustrer ce haut fait du partage du manteau, j’ai écrit ces paroles d’un chant qui, en leitmotiv, conduisait ce jeu scénique à fredonner sur un air de ballade irlandaise…
Il ouvrit son manteau,
Et d’un geste rapide de la main,
L’épée comme couteau,
Il trancha net le tissu romain.
Refrain :
Jamais plus noble geste,
Lors ne fut accomplit,
Que ce coup si preste, )
Au travers les beaux plis… ) Bis
Et l’étoffe vermeille,
Sur la peau glacée du pauvre hère,
Fit, comme le soleil,
Fondre un peu de sa misère …
Ce soir là près d’Amiens,
Un pan de la nuit, soudain éclate,
Depuis, la Terre, fit un lien,
Jusqu’au Ciel, le manteau écarlate
Déchirant, la nuit profonde,
Bien avant que renaisse, le matin,
Lumière de tous les Mondes,
Rayonna, vers le soldat Martin .
En ouverture de ce petit jeu, il était récité, par toute la troupe, ce simple quatrain :
Novembre est un mois bien sombre…
Il y a peu de lumière et beaucoup d’ombre…
Le vent souffle et chasse les corbeaux ;
Il faut bien se couvrir Pour avoir chaud …
Nous entrons bien dans cette période Hivernale… Nous, en nos douillettes demeures devons pratiquer ce partage, c’est le moment des dons aux plus démunis … Parmi les innombrables œuvres de bienfaisance « Les restaus du Cœur » instaurés par le regretté Coluche témoignent et manifestent ce merveilleux état d’esprit du Bon Saint Martin, lui, représentant actif de ce que l’on doit nommer charité chrétienne, praticable par tous : croyants et non croyants…
* (1) : Un de nos acteurs trisomique devant dire : « Les barbares sont là ! », prenait un malin plaisir à répéter : « Les Babars sont là ! »
* (2) : Lorsque nous en parlions, nous nommions « compagnons » les résidents du Centre Saint Martin, nous, étant leurs accompagnateurs …
NB , l’ordonnance que le Circuitor Martin avait à son service dont il a fait le compagnon qu’il servait mieux que lui-même, avait nom : Démétrius…
Compagnon Farfadet …