Nous fêtons aujourd’hui le soixante-dixième anniversaire de l’application de la loi donnant droit aux congés payés à tous les travailleurs …

Nous étions à la pêche un de ces samedi de Juin à Gourgé (79) sur les bords du Thouet, et nous devions passer la nuit sur place ; je crois bien que nous étrennions le « camping-car » en question… Il avait fait très chaud et, en fin de journée, au loin, le tonnerre grondait. Ma mère avait une peur bleue des orages. Il faut dire que celui qui s’annonçait était corsé … Elle insista auprès de mon père pour que nous rentrions au plus vite à la maison dont nous n’étions éloignés que de 30 Km. A regret mon père plia ses lignes, remisa ses cannes à pèche, on démonta le auvent et nous repartîmes sous le coup de 20 H. De grosses gouttes commençaient à tomber… Quelques kilomètres plus loin, parvenu à Saint-Jouin de Marnes, voilà que nous tombons en panne. Un déluge d’eau s’abattait sur la contrée... La pluie martelant la tôle ondulée du "TUB" faisait un bruit d’enfer. Ajoutez à cela, de ces éclairs fulgurant et vous saisirez fort bien, qu’à bord, l’ambiance était plutôt électrique. Et justement la panne était électrique, elle aussi... En fait il n'y avait plus de "jus "pour faire tourner le "moulin", la batterie étant à plat. Mon père, en homme prévoyant, avait, dans l’un des coffres arrières, une autre batterie destinée, elle, à l’alimentation en courant pour le séjour du campement. Sauvé !... Oui, certes, mais quelle installation !... car c’est avec des fils électriques à "pinces crocodiles" que mon père brancha la batterie annexe sur l’originaire, celle de secours ne pouvant trouver se place dans le compartiment destiné à cet effet là, sous le capot moteur ( Dans l’habitacle, comme il se doit pour un fourgon dit, à cabine avancée…) Le « Citron » redémarre sans difficulté … Alors là mes enfants, je vous dis que la fin du voyage retour fut plus qu’épique : le capot moteur interne ouvert, les fils baladeurs, les étincelles bleus de ceux-ci sur les cosses, la pluie battante, la nuit zébrée d’éclairs, les terrifiants coups de tonnerre, les hurlements de ma mère et notre vieille chienne Poppie affolée, prostrée sous mon siège, la langue pendante qui, comme disait le père, faisait le soufflet de forge, vraiment, le tableau était plutôt hallucinant… ce fut donc un mémorable retour d’une partie de pêche tombée à l’eau … sous des trombes d’eau…
Ce devait être au cours de l’Été 1959, cette fois, nous partions en vacances à La Turballe et mon père judicieusement, avait cru bon d’emmener notre 2CV en vacances elle aussi pour « rayonner » sur place sans avoir à désinstaller notre campement… Et quoi de plus naturel que pour faire suivre l’auto en question, nous l’ayons en remorque , derrière le "TUB" … Notre garagiste, le brave M. W… avait prêté à mon père un « sulky » 2 roues avec timon sur lequel était fixé le train avant de la 2CV. Le « sulky » attelé au fourgon et voilà l’équipage bon pour prendre la route !… 250 Km que nous allions parcourir prudemment, partant aux aurores … Je l’ai déjà dit, mon père était prévoyant et nous ne partions pas en vacances sans matériel ni provisions… Ainsi, il avait trouvé logique de charger la 2CV en remorque avec, le tonnelet de vin ( hé oui… ), la bouteille de gaz et d’autres fourbis avec, par dessus le tout, mon vélo… Bien ...nous roulons pépère.... La traversée de Nantes s’est effectuée sans trop de difficulté mais voilà qu’en sortie de ville, nous devons franchir un passage à niveau en dos d’âne bien accentué ( pas seulement sur le « a » de âne, l’accent eh ! ... attention hein ! c’est bien un Mirebalais* qui vous cause … ) On a du le franchir un peu vite le passage à niveau, car ça a touché par en dessous, je vous ju
re … crack !!!! . Pliée la Deudeuche, pliée !… Eh oui, le poids en porte-à-faux a fait qu’un longeron de la plateforme châssis a cédé, lors de ce franchissement, si bien que la « tuture » est boursouflée dans ses soubassements, la pauvre !… Au niveau du montant central entre les portières, la caisse de la 2CV se trouve à peine à 5 cm. du sol... Jugez l’allure ! ... Enfin, ça tient encore et on parcourt les 80 derniers kilomètres à très faible vitesse pour ne parvenir à La Turballe qu’en fin de journée. Le lendemain le verdict du mécano du coin est sans appel : Il faut changer la plate-forme de la 2CV et pour cela, la démonter entièrement... Du coup, on n’en profitera pas pendant tout le temps des vacances et, le budget grevé par le coup de la réparation, eu pour conséquence que notre séjour bord de mer fut, quelque peu, écourté… Je me souviens de ce regard noir que ma mère a lancé à mon père quand elle a su le coût de la réparation… « Hein Marcel, tu vois avec tes inventions !...» Pauvre papa, à la fin de nos vacances, il a du faire un aller et retour supplémentaire entre Mirebeau et la Turballe car, cette fois, il n’était plus question de prendre notre 2CV en remorque…

