Oui !... cette fois, je fais dans le décadent, avec mes jeux de mots en à peu près, ici en rapport avec la suite des titres de mes derniers articles : « Les pollutions de l’âme, l’impacte des images » et maintenant : « Les poils ils sont de l’âne ! un pacte de voix_asinage … » … Vraiment là, Farfadet tu fais dans le lourd hein !... D’autant que les sujets n’ont rien à voir l’un avec l’autre … m’enfin !
C’est vrai… mais, ayant le souvenir de certains compagnons trisomiques qui, à la récitation matinale, au lieu de dire : « … je regarde dans mon âme… elle vit au fond de moi … » disait : « je regarde dans mon âne … il vit au fond de moi … » à cette évocation, mon côté espiègle de farfadet malicieux, ne pouvait se soustraire, vous pensez bien … voilà donc un article qui, succédant aux maux de l’âme traite, en mots, de l’âne et, à ce propos, je ne voudrai pas qu’un des bâts blesse …
En fait c’est un article que j’aurai du éditer depuis 3 mois car l’événement remonte au 18 Août … Oui, c’est à cette date, qu’une fois encore, les ânes sont revenus en nombre, parmi nous, sur le foirail de Mirebeau. Depuis l’édit royal de 1270, comme chaque année, à la Saint Louis, on célèbre, l’âne dans la cité Mirebalaise… Cette foire à ne pas manquer, comporte biens des animations en rapport avec ce noble animal dont de nombreux spécimens sont présentés au grand concours des professionnels de la race asine qui se déroule ce jour là. Ainsi plus de 230 ânes furent rassemblés place du champ de foire et, parmi eux, 60 Baudets du Poitou pur jus qui occupent une place bien à part dans la gente à grandes oreilles …
En effet, quand l’UPRA (Union Poitevine de promotion de Race Asine), il y a un peu plus d’une vingtaine d’années, tira la sonnette d’alarme face à l’extinction progressive de la race des ânes poitevins, on ne recensait plus alors que quelques dizaines d’authentiques baudets. Malgré ses qualités d’endurance, de ténacité, de robustesse, l’âne du Poitou possède aussi quelques faiblesses dont un taux de mortalité élevé à la naissance (presque un sujet sur deux), les portées n’étant réduites qu’à un seul élément et, la consanguinité, devant surtout être évitée … Il a fallu beaucoup de persévérance et d’amour pour ce merveilleux baudet, de la part des éleveurs qui se sont intéressés à son sort, pour en faire proliférer l’espèce. Le baudet a besoin de soins rigoureux et constants… Il faut également savoir que ces éleveurs ne reçoivent jusqu’à présent aucune aide de l’Etat et ce, malgré que l’âne du Poitou soit répertorié et reconnu par les haras nationaux…
Il faut mentionner qu’aujourd’hui, une ânesse de pure race poitevine vaut de 20000 à 30000 € et, un ânon issu de cette race des baudets, peut se négocier entre 4500 et 8000 € … En 1925, le vétérinaire asinologue Sausseau disait de l’âne du Poitou qu’il ne pouvait être confondu avec aucune autre race commune d’ânes et qu’il représentait l’aristocratie de l’espèce asine. Il était si rare et tellement coté, qu’avec le bénéfice de la vente de deux sujets aux réelles qualités mulassières, on pouvait, à cette époque, acquérir une ferme, terrains et bâtiments compris …
Il y a actuellement plus d’une centaine de propriétaires de baudets, en Poitou-Charentes et environ 850 sur l’ensemble du territoire français et, autant à l’étranger. Le baudet a été exporté entre autres nations, vers le Maroc, les USA, le Canada, le Brésil, le Japon, l’Inde et la Chine, au total une vingtaine de pays où il est apprécié pour effectuer des travaux agricoles ou bien, comme porteur de charges.
Parmi ces éleveurs, nous avons à Mirebeau, un ancien poissonnier à la retraite qui, depuis une douzaine d’année, avec son épouse, ensemble, élèvent des baudets. Michel et Jacqueline B. possèdent 4 ânesses du Poitou aux merveilleux noms d’oiseaux : Perruche, Hirondelle, Mésange et Palombe. Au concours de cette année, ils présentaient Perruche, ânesse de 5 ans et de 1,50 m au garrot. Il s’agit, pour 2008, de la faire passer en livre A (1ière catégorie). Cette admission est la conséquence d’un long croisement d’ânes 100% pure race avec des ânesses qui le sont moins. Mais celles-ci, pour être classées en livre A, doivent être pures, au moins, à 92,5% …Actuellement, propriétaires de 7 baudets dont les quatre ânesses citées, Michel et Jacqueline, au cours de 12 années, ont obtenu, 7 ânesses et 7 ânes issus de leur élevage…
Il y a aussi, à l’entrée de Cuhon, au sud de Mirebeau, deux autres célébrissimes ânesses : Isis et Hétaïre, baudets femelles qui partagent leur pâture avec Futaba une ânesse commune et Quisny, une brave jument. Cette petite communauté fait dans l’ensemble, bon ménage sous la surveillance d’Isabelle B qui en a la charge et les soigne avec amour. Avant, les deux ânesses demeuraient à l’étang de Saint Martin mais, les employés communaux qui devaient s’en occuper, ne pouvaient assurer un suivi rigoureux. La communauté de communes ayant lancé un appel d’offre pour s’occuper de ces deux magnifiques ânesses, c’est à Isabelle qui avait postulé, qu’elles furent donc confiées. Maintenant entre de bonnes mains, Isis et Hétaïre sont vraiment fringantes et l’on vient de loin pour les voir …
Ces animaux sont vraiment affectueux, nullement têtus mais ont bien sûr du caractère. Pourvu que l’on ait bien observé comment ils fonctionnent, on peut, dès lors, en obtenir tous les services souhaités…
Ainsi, rencontrant sur le foirail ces adorables ânons tout pelucheux ou bien vous attendrissant devant les robustes baudets adultes au pelage brun roux qui peut paraître guenilleux, vous prenez autant qu’eux, un immense plaisir à leur caresser les naseaux…
Alors, tirant doucement sur leur lambeaux de poils mêlés qui ornent leurs flancs à la mode rasta, vous vous écriez soudain : En effet, ces poils sont de l’âne … Et pour vous répondre, lui ce grand Guenillou, y va de sa voix asine, l’air de dire : « Tu me fais braire toi, le sais-tu !... »
- Photos du haut et trois photos du bas de cet article : clichés scannés de la Nouvelle République des 8 - 17 -18 Août 2007
- Les deux photos au milieu de l'article sont de l'auteur de ce blog ... Voir aussi en marge : "La Galerie aux Baudets"