Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #Les clins d'oeil du Farfadet
Un immense talent d'écriture !

De tous les romans lus au cours de cet Été, celui-ci, incontestablement, fut pour moi, le plus jubilatoire... L'Auteure, d'origine espagnole, aussi chanteuse compositrice interprète et actrice, révélée lors de la première édition de la Star Academy en 2001, nous conte des pans de vie sur quatre générations s'appuyant sur ceux mélo dramatique de Rita, l'Abuela* de Cariño* ( la Grand Mère de "Chérie" ?...).

Cette histoire s'inscrit dans la période partant de la guerre civile dans l'Espagne franquiste jusqu'à nos jours et donc débute avec celle se passant auprès des familles qui accueillent ces républicains opposés à la dictature de Franco, les uns morts aux combats, les autres fuyant la répression et s’exilant en France. Parmi ces derniers figurent Rita et ses sœurs, Leonor et Carmen, envoyées par leurs parents à Narbonne pour être hors d'atteinte des méfaits des milices franquistes qui semaient la terreur et la mort dans les villages républicains.

De l'autre côté de la Frontière, on se montre peu chaleureux avec les exilés, il n'est pas fait bon accueil à ces Espagnols qui arrivent en masse, dont on dit qu'ils ne sont pas toujours propres et qu'ils sentent mauvais. La plupart sont parqués dans des camps.

Heureusement Rita et ses sœurs ont des correspondants sympathisants à Narbonne, mais bouches à nourrir exigent une contrepartie et ces jeunes filles doivent contribuer en travaillant, souvent durement. C'est le plus souvent en accomplissant des travaux de couturières qu'elles gagnent un peu d'argent, parfois suffisamment pour se libérer de leurs dettes et engagements auprès des familles qui les ont reçues. Elles trouvent alors leur indépendance et se logent à leurs frais en recomposant dans les villes du Sud de la France, des communautés d'Espagnols exilés.

Rita, elle, ne tarde pas à prendre son indépendance, poussée par son envie d'être Française, elle a tôt fait d'apprendre la langue et même de la parler sans accent … Elle ira à Toulouse et connaîtra Rafaël lui aussi, ardent républicain qui veut en découdre avec les franquistes...

Dans ce roman qui vous entraîne dans une succession d'événements tantôt drôles et épiques, tantôt empreints de tragédie, le fil rouge qu'on penserait être tiré progressivement d'un des tiroirs aux différentes couleurs de cette commode, tient surtout au sentiment d'abandon lié aux fuites, au fugues, à l'envie d’aventure ou à la nécessité impérieuse de connaître les raisons qui ont poussé des familles entières sur les chemins de l'exil.

Abandon de la part des parents de Rita - Abandon de ses sœurs de la part de Rita et plus tard, abandon de la famille qu'elle a constituée non pas avec Rafaêl mais avec André, son premier flirt.

La force de Rita est de s'adapter à tous nouveaux environnements, à toutes nouvelles situations, aux personnes différentes. Avec détermination et pugnacité, elle devra relever les manches en de nombreuses occasions. Elle retournera en Espagne chez les siens mais y sera mal accueillie considérée comme renégate et lâche en ayant fui la guerre civile.

Dans ce roman il y a à la fois beaucoup de dureté mais aussi beaucoup de tendresse, la gouaille la légèreté s'accompagnent aussi de retenue, de pudeur et de respect des principes communautaires et familiaux.

Être dans la Fraîcheur des choses, fussent-elles du passé, ce serait là le message plein d'espoirs de l'Abuela.  Bien sûr cette fresque s'étalant sur plusieurs générations, comporte une extraordinaire galerie de portraits et de destins particuliers. L'auteure – "La femme chocolat" – nous décrit avec délice toutes ces scènes de vie sans toutefois les truffer de dialogues mais plutôt d'images très colorées, vives jusque dans la métaphore non dénuée de sens et de pittoresque. A travers ces descriptions pimpantes les réparties croustillent avec juste ce qu'il faut de malice pour dédramatiser les situations les plus tendancieuses ou délicates et ne pas tomber dans le pathos. L'écriture fluide, de page en page, rend la lecture facile, savoureuse même, sollicitant alors notre appétit en expressions et mots "gourmandises" ; avec Rita, on croque la vie à belles dents jusque dans les plats qu'elle compose avec amour au bar tabac restaurant épicerie qu'elle a ouvert à Marseillette...

Un style limpide, une écriture chaleureuse - Cliquer sur chaque page pour la lire dans le bon format.Un style limpide, une écriture chaleureuse - Cliquer sur chaque page pour la lire dans le bon format.

Un style limpide, une écriture chaleureuse - Cliquer sur chaque page pour la lire dans le bon format.

Cette lecture exaltante nous entraine dans cette quête de sa propre identité confrontée à sa soif d'être en harmonie avec les autres si différents, tout en restant fidèle à ses origines tenant aux racines plongées dans le terreau des luttes accomplies par tout un peuple pour retrouver sa liberté, en s'étant opposé âprement aux monstres du fascisme.

Et il y a cette transmission du "savoir devenir" à tirer de chaque tiroir de cette commode aux vives couleurs du passé …

Mais à travers cette saga familiale, je me pose maintenant cette question : quelle est dont l'héritière de cette commode ? Son nom n'est jamais prononcé  sinon par : Cariño* qui veut dire chérie... Comment s'appelle cette petite fille de Rita, qui est aussi la fille de Cali, elle, fille de Rita. Alors mère d'une petite Nina à la 5ème génération ?...

La réponse ne serait-elle pas dans l'intitulé de cet article ?...

Commenter cet article
M
Je l'ai déjà noté dans mon carnet car une des blogueuses que je suis l'avait adoré et m'a donné envie de le découvrir. Mais comme je n'ai pas mis les pieds dans une médiathèque depuis le mois de mars dernier, je n'ai pas eu l'occasion de le chercher. D'ailleurs je pensais qu'il était autobiographique ce roman vu qu'elle raconte des événements qui ont touché de près sa famille, alors quand je lis ta conclusion, je vois que je ne suis pas très éloignée de la solution. En tous les cas merci de nous en parler aussi bien et de me donner envie de le découvrir plus vite !
Répondre
É
Coucou Patrice ! Dans ma balade matinale à pied du 5 septembre, je suis "tombée" par hasard sur la demeure d'un poète de l'époque gallo-romaine. Les historiens sont partagés sur le lieu de cette bâtisse. En fait, Ausone avait plusieurs propriétés en Saintonge ; celle-ci se trouve juste au-dessus de nous, de la maison de Céjipé. J'ai glissé aussi dans mon "article" un extrait des poésies d'Ausone ; ça devrait te plaire.<br /> Excellente journée !
Répondre
C
certaines vies ressemblent effectivement à une commode à tiroirs ... celles de tous les exilés plus que toutes autres ... où la nécessité est de s'adapter à toutes les situations ... qu'on leur offre quand on leur permet d'enfin s'établir !<br /> amitié .
Répondre
F
Bonjour Marie-Claude, <br /> Tu as raison s'expatrier est toujours douloureux mais quand on est jeune on croit à cette possibilité de s'installer ailleurs et de se reconstruire un avenir, il revient alors à ceux qui les reçoivent de se montrer vraiment accueillant et de leur laisser la possibilité de se faire une place honorable dans leur nouveau pays.<br /> Amitiés.
D
tu donnes envie d'en savoir plus
Répondre
F
Bonjour Dominique, ce roman se lit aisément et de page en page on est entrainé par la succession des événements livrant secret après secret le contenu d'une vie aux tourbillons surprenants, livrés à chaque ouverture de tiroirs...<br /> Amitiés.
M
Bonjour,<br /> J'ai téléchargé ce livre sur internet mais ne l'ai pas encore lu.<br /> J'ai du retard...<br /> Bonne journée à toi,<br /> Mo
Répondre
F
Bonjour Mo,<br /> Merci pour toutes tes visites régulières et à l'intérêt que tu portes à mes articles. Cela me touche et je t'en suis très reconnaissant.<br /> Ce roman est attrayant suffisamment chargé d'émotion et d'humanité pour en apprécier le déroulement jusqu'à vider chaque tiroir de ses secrets au doux et tendre parfum de Vie.C'est aussi tout un chatoiement d'événements , ça pétille et les rires se melent aux larmes . Un beau moment de lecture ... Elle est douée pour l'écriture cette pétulante Olivia Ruiz !...<br /> Amitiés des Farfadets du Poitou.
É
Bonjour Patrice ! La chanteuse Olivia Ruiz s’inspire de sa propre famille pour nous proposer ce premier livre, qui est une fiction –comme elle le raconte lors des interviews sur Youtube-, et a pour toile de fond la guerre d’Espagne, le régime dictatorial de Franco, et l’exil forcé des républicains. <br /> Dans le roman, Rita (la grand-mère) était espagnole, et lorsque les franquistes remportèrent définitivement la victoire, ses parents, républicains convaincus, choisirent de l’expédier en France avec ses deux soeurs, avant de se donner la mort... Dans la vraie vie, Olivia Ruiz ne connaissaient rien du passé de ses grands-parents et s’est inventée cette histoire de commode, histoire qu’elle aurait voulu réelle ; on a tous besoin de connaître NOTRE histoire et nos origines –voir les vidéos sur Youtube et ses témoignages-.<br /> <br /> A travers l’existence de cette grand-mère fictive, ce sont les conditions dans lesquelles furent reçus les réfugiés espagnols qu'elle nous raconte. Comme hélas toutes les vagues de ceux que l’on nomme désormais les «migrants», celle-ci ne fut pas précisément accueillie avec la compassion et la bienveillance que l’on aurait pu espérer. (toute ressemblance avec une certaine actualité concernant les migrants n’est pas le fruit du hasard).<br /> <br /> Pour avoir longtemps côtoyé moi-même des fils et filles de réfugiés républicains espagnols, à l’école et dans la cité où je vivais à Lyon, je peux témoigner de la violence du régime franquiste, de la torture et de la fuite, logique, des gens épris de liberté.<br /> <br /> A La Rochelle, à France télécom, j’avais deux collègues, mariés –tous deux décédés récemment- ; le mari racontait que ses parents étaient réfugiés républicains espagnols et que TOUTE LEUR VIE, ils ont versé un de leurs deux salaires mensuels à la lutte contre le régime franquiste. Même exilés, donc, des gens continuaient à lutter contre ce fascisme.<br /> <br /> Mes grands-parents étaient Résistants pendant la seconde guerre mondiale ; ils n’en parlaient jamais parce qu’ils ne se sont jamais considérés comme des héros. Ils pensaient juste qu’ils avaient fait « ce qu’il fallait, naturellement » contre l’occupant nazi. Il y a deux ou trois ans, j’ai demandé à ma mère ce qu’ils avaient fait au juste, elle m’a raconté (elle est en fin de vie, du côté de Narbonne –pays d’Olivia Ruiz-) et j’ai voulu l’écrire dans mon blog. La crise des gilets jaunes m’en a un peu empêchée, puis l’arrivée du coronavirus……………..<br /> Je conserve précieusement ces quelques notes dans mon sac et attends le moment où je pourrai le faire………………. Si je le fais un jour………….<br /> <br /> Merci Farfadet pour cet article intéressant mais précieux pour les générations futures, pour la mémoire collective, et pour ceux qui aiment les textes bien écrits.
Répondre
F
Merci Éliane pour ce commentaire intéressant qui circonstancie parfaitement le contexte romanesque lié à l'inspiration de l'auteure qui y a inscrit sa propre quête de racines familiales en créant cette Abuela magnifique. L'essentiel est aussi que nous, lecteur, on y croit et qu'on se laisse entraîner à la suite de ces découvertes à fond de tiroirs.<br /> En fait, j'ai aussi intentionnellement publié ce billet à l'occasion du 150ème anniversaire de la République, proclamée par Gambetta le 4 septembre 1870. Ce roman fait aussi mention de l'idéal Républicain à travers tous ces exilés espagnols qui ont combattu le Franquisme.. . <br /> Tu en fais aussi mention avec ceux que tu as connus à La Rochelle dont les parents ont versé un de leurs deux salaires pour poursuivre la lutte contre ce pouvoir fasciste.<br /> Je te souhaite de pouvoir écrire ce que ta mère t'a confié sur tes grands parents résistants au cours de la guerre 39-45 et sous l'occupation. Cela constituera certainement un témoignage précieux de ce qu'il fut accompli comme actes héroïques pour ne pas succomber à la tyrannie nazi.<br /> Bon courage pour cet engagement dans l'écriture d' honorables souvenirs et de hauts faits pour sauver la liberté des générations à venir .<br /> Amitiés des farfadets du Poitou.

Profil


FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

Archives

langues

 

Hébergé par Overblog