Elles ont marqué bien des esprits !... 40 ans après « les années folles », cette décennie caractérisée par l'insouciance est certainement la plus joyeuse du XXe siècle. S'y ébat la génération née pendant et juste après guerre, une jeunesse tumultueuse qui ne veut rien entendre de ce qui fut avant elle, étant tournée vers le futur mais surtout « dévorant » la vie au présent.
Ce sont les « années De Gaulle » ce patriarche qui a pris les rênes de la France depuis 1958 et qui n'hésitera pas à revenir sur ces engagements en redonnant son indépendance à l'Algérie au grand dam de ses ressortissants « Pieds noirs » et des Harkis restés fidèles à la France. Il a pris ce risque de la décolonisation sortant notre pays de 8 ans d'une guerre fratricide qui aurait pu dégénérer en guerre civile. Quoi que l'on en pense, cet homme a remis en bonne place notre nation sur l’échiquier mondial et, confiant dans nos talents industriels, agricoles et commerciaux, il a aussi redonné à la France son rôle de leader-ship dans l’Europe à construire, tout juste en chantier.
La reconstruction a pris de l'essor, il y a du travail pour tous, le monde entre dans une nouvelle ère, celle de la consommation. Produire plus, toujours plus et plus vite, est le mot d'ordre, les échanges entre les continents ouvrent la voie à la mondialisation. Chez nous, apparaissent les premiers hypermarchés, les cités périphériques aux multiples barre d'immeubles où se créent de nouveaux logements à loyer modéré. L'électroménager puis la télévision entrent en force dans les foyers, l'automobile se démocratise, les collèges deviennent lycées, le nombre de bacheliers augmente sans cesse d'une année à l'autre, générant de plus en plus d'étudiants permettant à une jeune population de toutes les couches sociales, d’accéder aux plus hautes carrières. Tout va très bien, le pire est derrière nous, bandes de jeunes qui ne pensent qu'à s'amuser et profiter de ces évolutions en twistant, en jerkant, en se trémoussant et en s'agitant follement sur tous ces airs fracassant de rocks 'n' rolls endiablés. Le crédit à la consommation permet à de plus en plus de ménages de s'équiper avec tous ces appareils et ces artifices issus des incessants progrès technologiques et même, en épargnant, d'accéder à la propriété... qui à son appartement qui à sa maison individuelle...
Si il y a une chose que l'on n'envisage pas et que l'on ne veut surtout pas envisager, c'est bien une fin à cette période de croissance et de bien être social. La société « Plaisirs » ne sera jamais démodée et ne peut que croître…
Eh bien voilà, c'est dans ce contexte qu'avec tous ceux de ma génération nous allons mener, bon an mal an, notre jeunesse, et que, personnellement, du collège Saint-Louis de Saumur, évincé en 1960, j'arriverai à la fin de cette décennie, en 1969, au CFPA de Caen, étant passé par la case service militaire à Angoulême de 1962 à 1964, tandis qu'au milieu, en 1965, sans doute poussé par la main du destin, je débarquais insouciant et jovial au Centre Saint-Martin à Etrépagny en haute Normandie, bien loin d'imaginer que j'y accomplirai l'essentiel de mon temps de carrière …
Ce sont ces années que, non sans émotion, je fais revivre maintenant en remontant d'anciens articles, tels que le précédent s'en suivant d'autres vous contant ces années soixante là...