Avec un tel titre, ce 7e ouvrage de l'auteur vient nous interroger sur notre nature masculine, ici, pas au mieux de sa réputation... vous en conviendrez...
Et quand on commence la lecture, dès le premier chapitre, on s'aperçoit que le mâle va, tôt, être mis à mal par causerie avec romancier star, interposée …
Et qui va nous le présenter sous un jour si peu glorieux ? Hein ! Qui ?... Jane (non pas Jeanne mais Jane)... une fille qui n'a pas froid aux yeux ni ailleurs, une nana bien dans l'air du temps, belle, à la fois guerrière et fragile. Alors dites-vous qu'avec une telle héroïne, Erwan Larher va vous entraîner dans une quête à l'issue improbable, truffée de rencontres surprenantes, de mystères, de révélations contradictoires, de revirements, de toquades, de vague à l'âme, mais aussi de sourires et de rires au dépend de ces hommes gauches, veules, bourrés d'ambitions ou bien ayant perdu toutes illusions. L'auteur surf sur les méandres de ces états d'âme qui, de la pétillante ironie à la colère, passe parfois à la partie fine mais aussi au désespoir de retrouver un père qui a fui au moment où l'on en avait certainement le plus besoin.
Erwan Larher a un style bien à lui, son écriture est incisive non dénuée d'humour avec moult clins d’œil corrosifs sur la société de notre temps et l'actualité très récente. Y supplée ici un argot contemporain, un vocable percutant, une reformulation concise de ce qui fait notre présent dans sa vérité nue et ça, c'est top !… D'ailleurs, l'auteur ne redoute pas de vous ballotter entre trépidations de l'action et réflexions personnelles, sociétales ou philosophiques, pas plus qu'il vous ménage en passant d'un chapitre à un autre où le contexte est très différent, dans l'espace et dans le temps...
Le père disparu depuis des lustres quelque part dans la nature, est en filigrane tout au long de la lecture à la fois tout proche et si loin… insaisissable... et ça nous emmène au fil des pages dans une tourmente qui titille notre curiosité et nous fait follement espérer la rencontre de Jane avec celui des deux gars "Jo" de l'ex groupe rock « Charlotte Corday » en vogue 30 ans plus tôt, qui pourrait être son père... reste à savoir lequel des deux...
Jane se raconte, se laisse aller à tous ses changements d'humeurs et envies, elle a la réplique vive et acerbe ; parfois, elle peut faire le coup de poing aussi bien qu'elle encaisse les coups, mais, au final, ne lâche rien et, contre son gré, elle ira jusqu'au bout… au bout ?
Au bout... elle trouve Faustine dans un café de bourgade pittoresque ; elle nous fait une description de l'endroit, de ses indécrottables attablés et de ce qui s'y passe qui ne manque ni de sel ni d'exposition de poitrine... on en prend plein les mirettes et c'est fort bien... ceci, juste avant la chute de cette histoire que je vous recommande de lire impérativement si vous voulez vraiment savoir pourquoi les hommes fuient... et, en prime, passer un bon moment de lecture...
Ah oui « Chauvigny le Sec »... mais où donc l'auteur nous a-t-il dégoté ce charmant village ??? Un nom pareil ça ne s'invente pas … si !.. Ah tiens !...
Après lecture, je me suis fait cette réflexion : "Ce qu'il y a d'affligeant dans l'existence, c'est que, le plus souvent, les gens en ont rien à foutre de votre sort et, à plus forte raison, de ce qui concerne vos origines - d'abord , c'est personnel ça !... Ceci est acceptable de la part des personnes qui vous sont étrangères mais de la part des proches, parents et amis, ça l'est beaucoup moins... alors, on est vraiment sidéré quand, par aventure, certaines personnes dont à première vue on aurait jamais pensé qu'elles fussent aussi charismatiques, vous écoutent, ont envie de vous aider et finalement vous permettent d'avancer..."