Réédition d'un article initialement publié le 12/01/2018 à 10:10.
Quand aujourd'hui, on soupçonne puis mentionne dans le fatras des infos une liste pléthorique de complots, on devrait se faire la réflexion que ce n'est pas nouveau et que pire il y eut par le passé...
Alors quand le romanesque se saisit de l'Histoire de France et en transcende les faits, lesdits complots ne demeurent pas que simples théories ...
A lire avec délectation... Machiavel n'aurait pas fait pas mieux...
Cette œuvre littéraire, au delà de sa dimension fleuve, telle une extraordinaire saga, présente l'avantage de réunir le roman et l'Histoire. Tout est à la fois inventé et fidèle à la réalité historique... la fiction au service de l’Histoire c'est ici, un grand tour de force tenu par un collectif d'auteurs et d'historiens contributeurs sous la conduite de Maurice Druon auteur en chef, mis en écriture entre 1955 et 1977.
Tout part de cette malédiction du dernier grand maître du Temple Jacques de Molay alors sur le bûcher au moment où il rend son âme à Dieu : « Pape Clément… chevalier Guillaume de Nogaret… roi Philippe… avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment !… Maudits ! Maudits ! vous serez tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races !… »
Terrifiantes paroles qu'on attribue à la légende… Mais ne faut-il pas, en certaines occasions, faire résonner l'Histoire quand on sait qu'elle fut constituée d'événements hors du commun et dont le déroulement, l’enchaînement des faits encore plus redoutables et catastrophiques que ce que l'on imagine ordinairement
L’œuvre complète comprend 7 livres* et je viens de finir la lecture du quatrième... Une sacrée plongée dans les intrigues du pouvoir, virulentes en ce début de XIVe siècle... La succession du roi de fer Philippe IV Le Bel s'amorce à sa mort en 1314 et là s'inscrivent déjà les effets de la malédiction du Grand Maître. Si Philippe IV était un monarque puissant et d'une intelligence raffinée, au regard froid et fascinant, son héritier direct, l’aîné de ses fils, Louis X dit le Hutin, est un souverain faible sans envergure magistralement cocufié, s'emportant aisément, bougrement capricieux et de santé fragile... Ce sont les comtes autour de lui, ses oncles, qui l'influencent politiquement et la situation du royaume devient vite désastreuse, le peuple est encore plus malheureux que sous le précédent règne.
Vengeance, jugements sommaires, exécutions émaillées de tortures infâmes, empoisonnements, tous les ingrédients de l'horreur et de l'abject sont décrits avec un réalisme qui glace. Motivations, agissements sont aussi présentés dans le détail. Les caractères passés à la loupe nous font entrevoir chez chaque personnage, tantôt l'humanité dans ce qu'elle a de noble, tantôt la bestialité dans ce qu'elle comporte de terrifiant et de profondément avilissant.
Appréciant vivement l'écriture et la force du récit, j'émets toutefois cette réserve tenant à la psychologie induisant les menées de chaque personnage en ce sens qu'elle semble trop proche de nos manières de penser d'agir et réagir actuelles ; cette histoire est envisagée avec la mentalité propre à notre époque, telle que relèvent, analysent, interprètent, actes et événements, les hommes et les femmes de nos XXe et XXIe siècle... Les personnages en lice de ce bas Moyen Âge, cogitent comme des quidams de notre temps présent... même s'ils sont doués d'une vive intelligence, décrits comme tels, ils apparaissent très contemporains lorsqu'ils s'expriment et agissent.
Mais le machiavélisme date de ce temps et même de bien d'autres temps avant cela... alors, je dois reconnaître que la nature humaine, que ce soit à 7 siècles de nous en revenant dans le passé, est toujours et communément identique au tissu humain des gens d'aujourd'hui, lorsqu'elle se confronte à elle-même pour assouvir ou juguler ses passions.
L'autre attrait de cette fresque historique qui nous conduit de la fin du règne de Philippe IV le Bel à la guerre de 100 ans, tient aux annotations circonstancielles que l'auteur fait figurer à la fin de chaque livre. Un enseignement riche et utile pour bien comprendre les mœurs et les pratiques politiques de cette époque qui marque la fin de la féodalité et l'avènement de la bourgeoisie. La soumission d'homme à homme est déjà remise en cause, contestée. Il faudra néanmoins encore presque 5 siècles pour que ces droits seigneuriaux soient remis en cause puis abolis. Il en demeure que c'est Philippe IV le Bel qui, par sa politique et son inflexible volonté, parachève et impose, sous son règne, la notion d’État attribué au royaume de France (A cette époque, le plus important et influent en Europe)
13 générations ! Diantre !... cela nous mène bien au-delà de la guerre de Cent ans … quand on sait ce qui a suivi, les guerres de religions entres autres sinistres et funestes batailles et tueries. Considérant la génération à un ensemble de 30 années, cela nous mène approximativement à la fin du règne de Louis XIV ; à la grandeur et au faste de son règne succédera la décadence jusqu'à l’avènement de la Révolution et le rejet de la monarchie à la fin du XVIIIe siècle...
Jacques de Molay aurait-il eu cette vision grandiose du déclin des dynasties royales et de l'instrument religieux, cette Église institutionnelle et papale toute puissante qui les adombre, au profit d'un réveil vers La lumière citoyenne, envisageant les droits des hommes qui naissent libres et égaux ?
Et puisque nous parlons chiffre considérons ces dates :
1314 – 1431... Ces deux dates aux chiffres identiques peuvent avoir une portée fortement symbolique puisqu'elles correspondent, pour la première, à l'année où fut mis au bûcher, Jacques de Molay le grand Maître du Temple (18 Mars 1314), et pour la seconde, l'année où Jeanne d'Arc fut brûlée vive sur la place du Marché à Rouen ( 30 Mai 1431) après avoir en partie chassé les Anglais hors de France et fait couronner Charles VII monarque légitime de cette nation.
Fait aussi remarquable, Jacques de Molay est né le 16 Mars 1244 le jour même où 200 Parfaits, membres du mouvement Cathare, périssaient sur le bûcher à Montségur...
Le feu, entre fer et foudre, par trois fois, a servi d’ultime épreuve à des êtres exceptionnels !...
1314 : L'inflexibilité du roi de Fer Philippe IV, condamne le Grand Maître du Temple au feu du bûcher où, avant de mourir, Jacques de Molay invoque les foudres du ciel …
1431 : La tendance s'inverse, pour Jeanne d'Arc, tout est parti des Voix du Ciel, elle a revêtu le fer de l'armure pour affermir le trône du roi qu'elle a servi et fait couronner à Reims comme Charles le Septième... et pourtant, à cette date, la Pucelle d'Orléans, jugée relaps, est condamnée elle aussi, au feu du bûcher.
Enfin, de 1314, quand nous comptons : 1 + 3 + 1 + 4, nous obtenons : 9
de même pour 1431, effectuant le calcul : 1 + 4 + 3 + 1, nous avons : 9
En valeur symbolique 9 est le chiffre de l'accomplissement ou de la résolution, prélude au renouveau, à l'avènement d'une ère nouvelle, d'une réorientation, présentant un axe nouveau à l'évolution...
La légende et l'Histoire ne sont jamais éloignées l'une de l'autre, elles se fécondent mutuellement et nous enrichissent des hauts faits de l'humanité qu'ensemble, alors, elles pérennisent.
Notes :
* les sept tomes des Rois Maudits sont ainsi titrés :
I
Le Roi de fer
II
La reine étranglée
III
Les poisons de la couronne
IV
La loi des mâles
V
La louve de France
VI
Le lis et le lion
VII
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