...Au cœur de la misère...
Elle fait parti de nous,
Cette sinistre ouvrière,
Et veut que l'on la loue,
Lui vouant nos prières.
Ceux qui n'ont pas le sou,
Qui mangent la poussière,
Ceux que la vie rend fou,
Tous les traîne-misère,
A rassemblé, le prêtre doux,
Pour secourir leurs frères,
Enlisés jusqu'au cou,
Dans la fange des ornières...
Le mot d'ordre, bel atout :
« Aidez ceux tout à l'arrière,
Miteux et plein de poux,
Dépourvu d’aumônière.
Les plus indigents que vous,
Ont besoin de vos bras fiers !
Pour les sortir de cette boue,
Vous prie d'y faire carrière !
Misérables ou grands filous,
Hommes sans bonnes manières,
Á votre tour, brassez la gadoue,
Pour secourir ces pauvres hères ! »
Voilà qui bien valait le coup,
D’entraîner tels compères,
Qu'on aurait, jadis mis au trou,
Pour leurs envies meurtrières.
Des gars toujours soûls,
Bretteurs qui réitèrent,
Sinistres et vils époux,
Terreurs en leur chaumière...
C'est aussi aux voyous,
Autres âmes incendiaires,
Que sa confiance il alloue,
Et en fait ses missionnaires...
Vieux et jeunes loups,
Rassemblés par la misère,
Font sauter les verrous,
De ses sombres souricières...
Ne restent plus à genoux,
Au bord des cimetières...
C'est en tirant leurs houes,
Qu'ils se penchent sur la terre...
Colères mises au clou,
Retrouvent joies altières,
Vivent leurs levées d'écrous
Sur des champs pas aurifères.
Puanteurs, relents d'égouts,
Retirant quelques affaires,
Hors d'usage par faute de goût,
Ils surmontent ce calvaire...
Récupèrent, rénovent tout,
Ce qui rouille comme fer,
Redonnent vie à des joujoux
Qui, à d'autres, vont mieux plaire...
Et tout cela est parti du courroux,
D'un prêtre engagé : abbé Pierre,
Qui mit la Charité en proue,
Contre la rigueur d'un froid hiver...
Farfadet