Sur la carte le trajet depuis la fontière Greco-Yougoslave jusquaux Monts de l'Olympe et les notes du 4 et 5 Août sur le carnet de bord de Anne-Marie.
Mardi 4 août 1970 :
17H. Après le passage de la frontière, nous allons jusqu’à Evzoni où nous trouvons un bureau de change car des drachmes nous sont maintenant nécessaires pour évoluer en Grèce. Il nous faut prendre la file d’attente …
Un rafraîchissement pour étancher notre soif et nous voilà repartis dans un joyeux concert de klaxons entre touristes, promenés par des files de camions, heureusement sur des routes bien mieux carrossées que les routes yougoslaves …
Quand la circulation s’est faite plus fluide, nous sommes tellement satisfait d’être parvenu jusqu’en Grèce, qu’on laisse s’exprimer notre euphorie, en ayant le pied lourd sur l’accélérateur… Sur une dizaine de kilomètres, nous entamons même une course poursuite derrière une Volkswagen « coccinelle » immatriculée dans le Rhône, aussi chargée que l’Anglia… On se dépasse mutuellement à plusieurs reprises, en se faisant de grands signes de la main, têtes des passagers hilares sorties par les vitres baissées des véhicules. On tourne à du « 95 … 100 » dans un enroulement des kilomètres fort jubilatoire… A un moment, alors que nous roulions allégrement dans le sillage de la « coccinelle », serrant de trop près le bord de la route, dans une courbe, la roue arrière droite de l’Anglia vient à heurter la bordure cimentée de retenue du talus. Le choc est assez fortement ressenti dans l’habitacle… Au volant, je maintiens la bonne trajectoire de la voiture mais, du coup, ça calme notre frénésie… On laisse la « coccinelle » prendre du champ …Bye bye les Français du Rhône !… Dans la Simca 1000, derrière, Daniel a bien vu l’embardée faite par l’Anglia. Au village suivant Kéfyra ou Géfyra, quand nous nous arrêtons pour faire le plein d’essence, il me dit que la roue en a pris un coup et est certainement voilée car c’est nettement perceptible au défilement, dans sa rotation … A la conduite, je ne le sens pas trop mais, au visu, la repli de tôle en bordure du pneu est bien « avachi » sur quelques centimètres… . Il faut maintenant espérer que le bras support roue n’a pas subi de dégradation dans ce choc assez violent … pour la jante abîmée, on pourra toujours la remplacer par la roue de secours …
Autour de la place de ce village, les commerces sont encore ouverts et il y pas mal d’étals de fruits et légumes… on en profite pour faire nos provisions… Oublions les soucis mécaniques qui se profilent !… Ayant acheté deux pastèques, nous jouons au rugby avec l’une d’elle, nous la lançant de mains en mains en traversant la place au pas de course… Une mauvaise passe ou plutôt une mauvaise réception de ma part et la pastèque explose à terre ce qui fait éclater de rire quelques braves gens du pays assis devant leur pas de porte… Nous leur avons donné du spectacle et nos bêtises de jeunes les amusent bien … Du coup, nous rachetons une deuxième pastèque au commerçant goguenard, souhaitant sans doute que l’on renouvelle, dans la foulée, nos prouesses sportives…
Nous prenons le parti le plus sage, qui consiste à remonter en voitures et à pousser plus loin pour atteindre l’étape que l’on s’est fixée : Litochoron sous Olympes encore distant de 90 kilomètres … Cette fois nous roulons sur une véritable autoroute à deux fois deux voies…
21H30 : Nous parvenons au camping de la plage de cette localité à la nuit tombée. Une fois de plus, nous sommes particulièrement harassés par le trajet de 726 kilomètres effectué depuis 8 H du matin… En montant nos tentes nous avons des mots assez vifs échangés avec nos voisins hollandais peu accueillants que, visiblement, nous dérangeons avec nos conversations trop nocturnes pour eux et leur marmaille … Comme je n’en rate pas une, je leur fais comprendre dans un franco anglais assez intraduisible pour eux, qu’ils aillent se faire voir chez les grecs et qu’étant sur place, ils ont la chance de pouvoir toucher le fond de ces choses assez profondément … Cela déclenche l’hilarité de notre côté mais pas chez nos voisins qui finissent par prendre le parti de nous ignorer … En ça, je trouve qu’ils ont bien raison…
Nous dînons dans la pénombre, éclairés par une lampe électrique, en chuchotant car il est plus de 22H30… Avant de nous coucher, nous allons faire un tour au bord de la mer, ici, la mer Égée... Et ça nous fait le plus grand bien … On décide de se baigner, l’eau est tiède, une aubaine … une bonne douche avant d’aller se coucher et nous nous endormons comme de gros bébés repus de joie de vivre …
Mercredi 5 août 1970 :
Réveil à partir de 8H… Il fait déjà chaud si bien que Roselyne et Emmanuel sont allés se baigner avant de prendre le petit déjeuner … Daniel et moi dormons toujours … Les chauffeurs sont fatigués !... Hirsutes, nous émergeons d’un lourd sommeil, un peu avant 10 heures… La matinée se passe entre cafés et farniente sur la plage toute proche … C’est bien agréable de se poser après cette cavalcade sur quatre journées, du voyage aller…
Après un déjeuner très bio préparé par Roselyne notre nutritionniste dévouée, chacun vaque à sa petite lessive … En milieu d’après-midi, Maguy , Emmanuel et moi allons au village faire quelques emplettes : achats de cartes postales et quêtes d’informations touristiques sur la région … Daniel, resté au camp, en a profité pour faire une sieste prolongée … le veinard !...
Vers 18H, nous retournons à la plage, bain et bain de soleil… Côté épiderme, on commence à virer au rouge, surtout Anne-Marie … Nous nous rabattons alors sous un parasol à la terrasse du bar du camping… On apprécie les boissons fraîches … Daniel et moi savourons une de ces bonnes bières ! … Jeux de mots, éclats de rire ... C’est vraiment les vacances !…
Tandis que nos compagnes préparent le repas du soir, je planche sur un logo représentatif de notre expédition à plaquer sur la lunette arrière de nos voitures… L’inspiration me fait accoucher de ce remarquable titre :
« O. L. Y. M.’ P. E. G. A. S. » -
explication :
O – de « ROselyne»
L – de « DanieL»
Y – de « MaguY »
M – de « Anne-Marie »
P – de « Patrice »
E – de « Emmanuel »
G – de « Grèce »
A – de « Anglia »
S – de « Simca »
Après un dîner de riz courgettes tomates et melon en dessert, tous vont à la plage faire une promenade baignade relaxante tandis que je mets à dessiner les logos en lien avec l’appellation trouvée avant le repas : Un cheval ailé, bien évidemment, surmonté d’un arc-en-ciel constitué par les lettres de l’intitulé ci-dessus…
Au retour de mes amis, j’ai bien avancé dans mes griffonnages, du coup, on va se reprendre un pot au bar du camp, laissant exploser notre bonne humeur dans un déferlement de blagues dignes de potaches en goguette …
Il est minuit quand nous allons nous coucher … Demain on a prévu de se faire l’Olympe et, croyez bien, ce n’est pas un caprice des dieux …