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Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #Les cahiers du Martiniste

Réédition d'un article initialement publié le : 03/11/2016 à 18:17.

 

La 33e édition du Téléthon s'est déroulée ce week-end...

Handicap...

Voilà bien un terme honni non en tant que concept mais pour ce qu'il signifie et laisse comprendre lorsque comme qualificatif il s'attribue à une personne...

On envisage d’emblée le côté réducteur, invalidant, frustrant, stigmatisant.

 

Et pourtant le handicap nous concerne tous car il ne faut pas croire que seules les personnes dites « handicapées » s'en trouvent affectées. Nous sommes tous, à des degré divers, handicapés.

A partir du moment où je me confronte à une incapacité, à une déficience si minime soient-elles, je peux considérer la situation invalidante. Face à cette difficulté qui me met en échec je suis bien handicapé.

Par là je viens montrer que cette notion est bien sûr relative et que le handicap en question, dans ses effets, est plus ou moins lourd ou invalidant.

L'autre considération est que le handicap se décline à l'infini en autant de situations invalidantes que nous répartirons dans trois groupes :

- physique & sensoriel

- psychique & mental

- social & sociétal

 

Ainsi la liste de situations handicapantes est plutôt longue.

 

Comment une personne non « handicapée » peut-elle écrire ou parler du handicap ? De quel droit ? Que saurait-elle de la surdité n'étant pas sourde elle-même, ou bien de la cécité n'étant pas aveugle, etc ?...

Ne perdons pas de vue ce qui est écrit plus haut, soulignant l'aspect tout à fait relatif du handicap qui touche par ci par là peu ou prou une multitude de personnes. Considérons également que la vie peut vous placer professionnellement ou socialement, voire quotidiennement face à une ou plusieurs situations résultant d'un type de handicap. Il y a :

- la nature même du handicap

- la ou les personnes handicapées

- l'entourage de cette ou de ces personnes dites handicapées ainsi qu'un environnent devant s'adapter à la nature du handicap.

On ne peut ni ne doit dissocier ces trois aspects tout en sachant que chacun est entité aux caractéristiques propres et bien distinctes comme on peut considérer que du point de vue pathologique, il y a :

- la maladie

- le malade

- l'environnement du malade et de la maladie.

 

J'en reviens à la notion tout à fait relative du handicap m'ayant fait dire que nous le sommes tous plus ou moins et ceci à partir de plusieurs exemples.

En été 2012, j'ai été victime d'un début de décollement de la rétine sur l’œil gauche, il faut savoir que le droit a une acuité visuelle très faible ½ dixième... cela a nécessite deux opérations faites à 15 jours d'intervalle. Pendant toute cette période j'étais presque aveugle, ne pouvant me déplacer à l'extérieur qu'accompagné, ne pouvant donc plus conduire ni lire ni regarder la télé. Je n'étais pas aveugle mais malvoyant (très)

A ce propos je me permets cette remarque : cessons de prendre des faux-fuyant en substituant une terminologie par une autre qu'on pense plus édulcorée. En l’occurrence, parlant des personnes ne voyant nullement, les désigner comme malvoyantes au lieu de dire aveugles. Parce que par définition un malvoyant est quelqu'un qui voit mal ou très mal mais qui n'est pas aveugle. De même un malentendant est une personne qui perçoit mal, voire très mal les sons mais qui n'est pas sourde.

Il faut qu'on arrête avec ces formulations proches d'une certaine hypocrisie qui ne peuvent que semer la confusion dans la compréhension et l'acceptation par les uns et par les autres du handicap. On appelle un chat un chat et donc d'une personne ne voyant pas dire qu'elle est aveugle comme de celle qui n'entend rien dire qu'elle est sourde n'est pas un manque de respect mais la juste considération de sa situation. Ceci n'a en soi rien de discriminant ou de stigmatisant.

Nier le handicap est selon moi un non sens, presque une insanité, par contre, surmonter un handicap est louable et à promouvoir nécessairement de la part de qui en est affecté et qui accompagne la personne dans cette situation et ce cheminement.

 

Je vous prie de bien vouloir m'excuser pour cette parenthèse qui a son importance.

Autre situation vécue. Il y a de cela une trentaine d'année à la gare Saint-Lazare et j'ai une violente envie d'uriner. Je me dirige alors vers les WC public et passant l'entrée tout naturellement, je suis interpellé par une brave dame qui me rabroue sans vergogne :

- Eh Ducon ! (textuel) Tu peux pas faire comme tout le monde et prendre un jeton ! »

- Ah parce qu'il faut prendre un jeton ?

- Eh oui regardez-moi cet imbécile il sait même pas qu'il faut prendre un jeton et payer pour, bien sûr...

Vous dire combien j'étais penaud et honteux aussi vrai que je ne savais aucunement que pour aller au WC public d'une gare il fallait nécessairement payer son écot. Il faut dire que la dernière fois que j'avais fréquenté un tel lieu, devant prendre le train, cela remontait à plus d'une dizaine d'années, entre temps, ce qui était gratuit à cette époque là, était maintenant payant... et, par dessus le marché, cette gentille « madame pipi » n'a point manqué de me traiter de débile. Ce qu'en fait j'étais, n'ayant pas le comportement adapté en comparaison avec les nombreux autres usagers, habitués, eux...

 

D'expériences du handicap j'ai, bien sûr toutes ces années de présence en tant qu'éducateur auprès des personnes déficientes ou malades mentales, dans un foyer de vie en Haute Normandie. Une confrontation avec les multiples formes que, sous l'angle psychologique et social, peut prendre le handicap mental.

 

Définition du handicap :

- Dictionnaire « Lexis » Larousse édition de 1979

À l'origine mot anglais composé de « hand » (main) et « cap » (chapeau) = main au chapeau - cela qualifiait du point de vue sportif , une épreuve, une course ou un concours dans lesquels le concurrents rendent ou reçoivent une avance de temps, de distance, de poids ou de points pour égaliser les chances de chacun. On peut aussi le considérer comme désavantage supporté par un concurrent .

Désavantage (vers 1900), souvent naturel créant des difficultés d'adaptation qui met quelqu'un en état d'infériorité.

On peut être handicapé physiquement (altérant l'autonomie dans ses mouvements et ses déplacements) et intellectuellement ( manque de connaissance)

Aujourd'hui comment définit-on le handicap :

- « Wikipédia » :

Le handicap est la limitation des possibilités d'interaction d'un individu avec son environnement, menant à un stress et à des difficultés morales, intellectuelles sociales ou physiques .

Le handicap est d'abord pensé comme relatif à une déficience provoquant une incapacité — permanente ou non — puis il est redéfini relativement à une inégalité de moyen, en intégrant l'idée que « des interventions destinées à lever les obstacles environnementaux et sociaux sont nécessaires ».

Le terme de « handicap » a ainsi acquis en plus du médical une dimension sociale, et il renvoie aux difficultés de la personne dite « en situation de handicap» face à un environnement donné en termes d'accessibilité, d'expression, de compréhension ou d'appréhension. Le niveau de handicap, c'est-à-dire l'ampleur des limitations d'activité et de participation, est ainsi variable en fonction des contextes (sociétaux, humain, technique, juridique, etc...).

Le handicap affecte 80 millions de personnes en Europe et 650 millions dans le monde entier,

 

Handicap dépendance et autonomie.

La prise de conscience des sociétés contemporaines face aux divers types de handicaps a permis de créer les modes accompagnements et les dispositifs de l'environnement adaptés à chaque situation particulière. Des études, des formations, des informations sur la nature de chaque handicap ont été faites et mises en place pour que les personnes en difficulté puissent mieux évoluer, se faire comprendre et s'insérer dans la vie sociale.

A ce titre, on constate que, suivant la nature du handicap, cette insertion est plus ou moins réalisée ou réalisable. L'assistance varie en fonction du degré d'élévation du handicap quant aux dispositifs permettant l'accès aux personnes à mobilité réduite, bien qu'ayant, ces dernières décennies considérablement évolué par le nombre, ils sont hélas toujours insuffisants et ne sont pas systématiquement appropriés à chaque situation particulière.

La personne handicapée est tenue d'accepter sa situation invalidante qui la confrontera toujours au fait qu'elle est déjà perçue comme telle par tous ceux et celles qu'elle côtoie et ce, quel que soit tout ce qui est fait et mis en place pour l'aider, lui rendre la vie courante plus facile, moins contraignante.

Même si elle a développé et acquis toutes les mesures et pratiques favorisant son autonomie, il y a toujours un seuil ou un niveau de difficulté à surmonter qui, temporairement, la rend dépendante. Les exemples sont multiples. Une personne en fauteuil roulant habitant au 8ème étage d'un immeuble dont l'ascenseur est en panne, va dépendre de son voisinage pour, au moins se faire ravitailler à domicile. Ce genre de situation peut vite constituer un facteur aggravant l'insuffisance d'autonomie.

 

On ne peut nier l'évidence du handicap et de ses conséquences dans les menées existentielles de la personne handicapée. Il ne s'agit pas de considérer le handicap comme une tare mais comme une situation particulière qui distingue celui ou celle qui en est affublé des autres personnes non invalides mais, dans un état d'esprit et de considération similaire à celui qui distingue chaque personne d'une autre en tant que personnalité toujours particulière et unique.

Donc, il ne s'agit pas de se voiler la face et de stigmatiser en désignant ou en qualifiant mais de reconnaître et se mettre au niveau de la personne handicapée avec toute l’empathie nécessaire pour répondre à ses attentes spécifiques et partager avec elle aussi spontanément ce que nous partageons ordinairement dans la vie courante avec nos voisins, parents, amis, etc, en tenant compte des limites qu'impose le handicap en certaines situations, comme on tient compte des limites que nous avons tous, à des degré divers au niveau aptitudes physiques ou intellectuelles, impliquant notre motricité, notre adresse, notre rapidité d’exécution, notre compréhension, notre mémoire, etc.

Dans la pratique du quotidien ne faisons-nous pas que de nous adapter sans cesse, aux multiples situations qui se présentent de façon impromptue, aux autres personnes que nous rencontrons et avec lesquelles nous composons, à la maison, au travail, au cours de nos déplacements, et lors de nos séjours à l’extérieur ? Nombreuses sont les circonstances où nous devons, à chaque fois, prendre un court laps de temps et suffisamment de recul, pour nous confronter à ce qui est nouveau, intriguant, parfois dérangeant, et qui change nos façons d'apprécier et d'appréhender.

 

Le handicap est toujours l'exagération d'un trouble, d'une déficience, d'une carence, qu'à des degrés divers, nous avons tous, pour peu que nous soyons objectifs avec nous-mêmes. Cette relativité doit nous permettre de mieux comprendre et nous rapprocher positivement de ceux ou celles qui sont ainsi plus profondément affectés dans l’intégrité de leur personne.

Le handicap existe il n'est nullement une honte pour qui en est affecté, pour son entourage et pour toute la société qui le prend en charge et tend à en alléger les contraintes et les frustrations. Le handicap n'altère en rien l'éminente humanité de la personne qu'il singularise...

Enfin, le handicap ne doit jamais être un frein à toute évolution personnelle mais, au contraire, une source de progrès constants.

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M
J'aime ton coup de gueule ... oui, employons les mots exacts pour désigner le handicap au lieu de ce langage, disons, politiquement correct ! Je ne me souviens plus quel humoriste a écrit en dérision tous ces mots que l'on ne pouvait plus dire, sous peine de froisser la personne. Il en arrive à dire ceci : un C. c'est un non comprenant ...🤣On voit que nous sommes partis en absurdité😂 Je me souviens d'une parole du Dr B. en partant de la pensée de certains "que nous sommes tous pareils, pas de différence entre un handicap et une personne normale" Il répondait "demandez à un cul-de-jatte de courir un 100 mètres". L'image était parlante, naturellement à notre époque où le transhumaniste a émergé, les jambes d'un cul-de-jatte peuvent être remplacée par des jambes bioniques très performantes, dans le sport, certains handicapés, retrouvent le respect d'eux mêmes et une joie transcendante. Etant donné que chaque être humain est unique, une espèce en soi, non une espèce groupe, d'autres trouveront, dans un environnement bienveillant, sachant les comprendre malgré leur différence, ayant trouvé le chemin de leurs âmes, par les arts par ex. ou autres activités qui les amènent à se transcender. Seuls les personnes qui arrivent à percer le noyau spirituel et humain, qui lui est sain, peuvent les aider, mais aussi les personnes dont la sensibilité est dirigée vers autrui et sachant s'effacer, par instant, pour laisser place à l'autre, comme tu dis Patrice "se mettre à leur place". J'arrête là mon commentaire Patrice, car tu parles beaucoup mieux des handicapés que moi, ta destinée ayant dirigé ton chemin vers eux.
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F
Toujours très intéressants , tes écrits, qui sont des sources d'enseignements accompagnées de réflexions personnelles judicieuses. Oui, nous sommes tous quelque part, handicapés, même aveugles quand bien même nous avons deux yeux. L'anecdote pipi est cocasse, même si elle ne fut pas amusante, au moment où cela se passait
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C
Comme c'est bien tourné, comme d'habitude. Et oui un aveugle est un aveugle,un sourd est un sourd.. ect....un chat est un chat....ne tournons pas autour du pot.
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M
Je connais le handicap de près puisque ma belle-fille est mal entendante de naissance et donc je suis convaincue par tout ce que tu dis. J'ai aussi toujours travaillé à l'intégration des élèves handicapés lorsque je travaillais puisque j'étais professeur-documentaliste. Le manque de personnel formé dans l'Education nationale est un gros problème qui n'est pas près de se résoudre avec nos élus et qui pourtant est indispensable si on veut intégré le plus harmonieusement possible les enfants et amener à plus de tolérance. Le reste n'est une question d'humanité, nous sommes tous différents et cette acceptation va de soi...pour moi en tous les cas. Belle journée
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D
un article qui incite à une utile réflexion<br /> en n'oubliant pas que nous sommes tous des handicapés en puissance
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É
Ton article rejoint celui de Claude Le Penseur sur le handicap, cette semaine. Oui, regardons les handicapés avec d'autres yeux ; considérons-les comme des gens comme tout le monde, parfois même pluss débrouillards que nous : des personnes en fauteuil roulant sautent en parachute, font de la plongée sous-marine, etc. et acceptons nos différences : handicap, couleur de peau, homosexuels, gros, petits, grands, maigres. Nous sommes tous différents et c'est tant mieux. Demandons à ce que tout l'argent planqué dans des paradis fiscaux par les capitalistes serve à la médecine et au bonheur de chaque citoyen.<br /> Bravo pour ton article, Patrice.<br /> Excellente journée !
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M
nous sommes tous des handicapés ... à nos heures, par moment, mais celui qui souffre pour le reste de ses jours d'un handicap permanent est bien plus fort que moi ... je ne peux lui offrir que tout mon respect .<br /> amitié .
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FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

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